Le meurtre de Laëtitia devient une affaire d’Etat. L’émotion suscitée par le meurtre d’une jeune femme qui s’engageait dans la vie est normale et ne peut qu’être partagée par tous. L’horreur des conditions atroces de sa mort, le comportement odieux de son meurtrier ne peuvent que renforcer le sentiment de colère et de révolte. Mais appartient-il au président de la République de transformer cette émotion en instrument de la bataille méthodique qu’il mène contre la justice et les juges depuis des années ? Il n’est pas utile de revenir sur les épisodes passés du combat que poursuit celui dont la Constitution fait le garant de l’indépendance de la justice contre la justice elle-même. Je voudrais me contenter aujourd’hui de deux observations.
D’abord, on ne gouverne pas à partir de l’émotion ou des faits divers, si tragiques soient-ils. Je l’écrivais il y a quelques jours à peine dans ma lettre mensuelle, les lois sur la récidive se sont empilées, sans effet. Plutôt que de multiplier les coups d’éclat, mieux vaudrait donner les moyens à la police et à la justice de mener à bien leurs missions. On sait que ce n’est pas, loin s’en faut, le cas. La justice française est l’une des moins bien dotées en Europe, ce qui traduit le peu d’intérêt qu’on lui accorde. Mais dans le cas du meurtre de Laëtitia, il n’est pas certain qu’une faute ait été commise. L’enquête administrative le dira. Il est certain cependant que l’assassin n’a bénéficié d’aucune remise de peine, qu’il est sorti de prison en ayant purgé sa peine. Rappelons que le machiavélique Michel Fourniret, grand tueur en série des dernières années, respectait son contrôle judiciaire en même temps qu’il assassinait. Nous avons la volonté d’écarter tout risque, et c’est sans doute une aspiration légitime de notre société même si sa réalisation paraît difficile. A tout le moins faut-il se donner les moyens de prévenir, d’encadrer, de suivre effectivement les délinquants. Nicolas Sarkozy sait que le choc de l’opinion favorise des discours extrêmes. Mais l’opinion peut-elle se satisfaire de discours musclés répétés à chaque tragédie ? Qui peut croire que les juges seraient, en dernier ressort, les responsables du meurtre ? Qui gagne à ce jeu pervers où se mêlent inaction politique et manipulation médiatique ? Sans aucun doute, le Front national : Marine Le Pen est étonnamment silencieuse, le pouvoir se charge du travail pour elle.
Autre sujet, moins dramatique assurément mais tout aussi favorable à la montée des extrêmes : les conflits d’intérêts. On se souvient de l’affaire Woerth qui, après avoir envahi les colonnes des journaux, se retrouve –au moins pour une partie des agissements reprochés à l’ancien ministre – devant les tribunaux. Jour après jour, on s’apercevait que les pratiques de nos dirigeants étaient pour le moins étonnantes : rien ne semblait s’opposer à ce que Nicolas Sarkozy, en quête de calme après une élection fatigante, allât se reposer aux frais d’un grand patron ; le président trouvait normal que son ministre du budget fût aussi trésorier de l’UMP et à ce titre collecteur en chef de soutiens financiers auprès des grandes fortunes ; ni que le président du groupe UMP, l’ambitieux Jean-François Copé, travaillât en même temps dans un grand cabinet d’avocats. Comment s’étonner, dans ces conditions, qu’il ait paru incompréhensible au pouvoir que les Français s’agacent de la volonté du président de propulser son fils, dont le principal titre est d’être le fils de son père, à la tête de grandes responsabilités dans les Hauts-de-Seine ? Il aura fallu donner un signe : deux secrétaires d’Etat furent ainsi limogés de manière théâtrale, l’un pour avoir fait un voyage ministériel dans un jet privé hors de prix, l’autre pour fumer des cigares aux frais de la République. La République irréprochable annoncée pendant la campagne n’était assurément pas au rendez-vous.
Le parti socialiste proposa très vite d’adopter une loi permettant d’empêcher les conflits d’intérêt. A l’évidence, il faut empêcher le cumul de responsabilités ministérielles et de fonctions dirigeantes dans les partis politiques, il convient d’empêcher le contournement de la loi sur le financement des partis politiques en empêchant la création de mini-partis qui n’ont que quelques adhérents et dont la seule fonction est de collecter des fonds (il y en a des centaines satellisés ainsi autour de l’UMP). Il faut aussi moraliser les conditions de nomination à certaines fonctions, qui sont plus souvent un coup de pouce politique que la reconnaissance de compétences incontestées.
Devant la multiplication de situations insupportables aux Français, le gouvernement a fini par créer une commission chargée de proposer de nouvelles règles en matière de conflit d’intérêt.. Elle vient de rendre ses conclusions, à la fois utiles et de bon sens, qui rejoignent pour beaucoup celles des socialistes. On verra si le gouvernement leur réserve un sort meilleur qu’aux propositions de l’opposition, qui ont atterri tout droit dans la poubelle législative. Là encore, la droite tient de grands discours, prend des engagements solennels et multiplie les coups de menton mais recule dès qu’il s’agit d’agir.
Car dans le même temps, la vie à l’UMP a repris comme si de rien n’était : N. Sarkozy reçoit les riches donateurs du « premier cercle » en leur promettant sous les vivats la suppression des 35 heures et de l’ISF….suppression dont il dit en public ne pas vouloir. C’est dans ce contexte qu’a éclaté l’affaire MAM : fragilisée par sa proposition extravagante d’apporter le savoir-faire français en matière de maintien de l’ordre au régime de Ben Ali en Tunisie, elle doit désormais s’expliquer sur le fait d’avoir profité pendant ses vacances tunisiennes de l’avion privé d’un ami qui était aussi un proche de Ben Ali .
La gauche n’a pas toujours été irréprochable. Mais ne mélangeons pas tout, et la critique du passé ne saurait absoudre des turpitudes présentes. Deux questions se posent aujourd’hui : est-il acceptable que les gouvernants tirent des profits personnels des liens qu’ils établissent avec des responsables économiques ? La réponse est morale, et c’est non. La société française a changé, ce qui paraissait normal n’est plus supportable. Si l’on veut rétablir la confiance largement écornée des Français dans la politique et les élus, il est grand temps d’en venir à une pratique de la sobriété en politique. Il est ainsi frappant que l’aspect financier des vacances tunisiennes de MAM ait monopolisé les commentaires, ce qui prouve que pour les Français, la coupe est pleine ! Car il y a une seconde question, purement politique, celle-là, qui me paraît au moins aussi grave : est-il normal pour un responsable politique, qui plus est en charge de la diplomatie française, de passer ses vacances dans un pays en révolte ? La parole de la France ne peut qu’en être suspectée. Les Etats-Unis ont donné le sentiment d’avoir une longueur d’avance sur nous : ne nous y trompons pas, ce n’est pas au nom des valeurs démocratiques seules, qu’ils s’expriment, mais avec la conscience aiguë de leurs intérêts dans la région. Faut-il renoncer à ce que la voix de la France porte ? Pour ma part, je ne m’y résous pas. Les petites affaires de conflits d’intérêts ont parfois de grandes conséquences diplomatiques.
Facile : dans les belles années ...
>> Mazarine Paingeot "gardée à l'Elysée en permanence par 8 policiers : SILENCE !!
>> Les vacances dans un 5 étoiles du Président socialiste de la République, de sa famille officielle et de Mazarine : Silence !!!
>> L'appartement dans la jeunesse de la même Mazarine qui a payé ? : SILENCE
>> le drame de la récidive : nous avons obtenu une grande victoire avec l'abolition de la peine de mort, mais ... sans rien prévoir comme peine de substitution pour les criminels, si, la fin des quartiers de haute sécurité : mais qui donc est à l'origine de tout cela ?
oui je sais cela appartient au passé et le remuer éternellement ne fait pas avancer les choses.
Aujourd'hui, la droite ne fais certes pas ce qu'il faut pour rendre la politique honnête mais est-elle la seule ???
Monsieur Strauss-Kahn : 420 000 dollars au FMI, un appartement place des Vosges et un riad à Marrakech ... un pauvre socialiste !!!
plus près de la base, Monsieur Germain : vice président de région, président de l'agglo, maire de Tours, inspecteur d'académie et futur sénateur... quel salaire mensuel ?
Madame Roiron présidente du CG37, élue à la ville de Tours et inspecteur d'académie : quel salaire mensuel ?
Madame le Député, avec tout le respect que je vous dois, vous même êtes dans cette catégorie de cumulards : Député, vice présidente du CG37, à la direction du PS, dans un certain nombre de commissions ... quel salaire mensuel ?
Il devient urgent de SUPPRIMER tous les cumuls et d'interdire les candidatures aux diverses élections des candidats de plus de 60 ans. Merci d'oeuvrer dans ce sens.
Rédigé par : Eilean | dimanche 06 fév 2011 à 11:47