Lors de ma venue à Charnizay, j’ai rencontré, des agriculteurs travaillant dans différentes filières. De la discussion que nous avons eue, je retiens que seule une politique responsable, soucieuse de l’environnement, du consommateur mais aussi des conditions de travail des producteurs est en mesure de répondre aux inquiétudes que connaît aujourd’hui le monde agricole. Il me semble nécessaire en particulier d’encourager le développement d’une agriculture de qualité au lieu de subventionner les plus gros agriculteurs: il n’est pas normal que, dans le cadre de la PAC 80 % des subventions aillent à 20% des paysans. Mais la logique du système est implacable : plus on s’agrandit, plus on reçoit d’aides, alors qu’il faudrait au contraire fixer un plafond, puisque ces aides ne sont plus aujourd’hui la contrepartie d’une production mais constituent une aide aux revenus. Les effets pervers sont terribles : difficultés pour les jeunes de s’installer (que ne facilitent pas les conditions actuelles de transmission des exploitations), diminution du nombre d’exploitations et de paysans. Cela ne favorise pas une agriculture soucieuse des conséquences sur l’environnement de l’utilisation de certains pesticides et par l’utilisation d’OGM : je prends nettement position pour un moratoire sur l’utilisation d’OGM dans les cultures de plein champ.
Ce qu'il faut savoir avec l'agriculture c'est que les agriculteurs, gros comme petits n'ont pas choisi ce système d'aides. L'Europe leur a imposé ce système. En tant qu'agriculteur, je cherche avant tout à vivre de mon métier et de mes produits. Le soucis de l'environnement est sûrement une noble cause mais je tiens à préciser que de nos jours, lorsque l'on désherbe un champs de manière chimique, la dose de produit utilisée est 4 fois moins importante que les produits vendus prêt à l'emploi pour le jardinage. Les agriculteurs ne surdosent plus maintenant car ils raisonnent tout leurs apports à la terre et tolèrent quelques mauvaises herbes. Ensuite, si les productions maraichères étaient payées aux producteur 50 % du prix des aliments dans les commerce (fruits légumes viande...), le revenu des agriculteurs augmenterait beaucoup. Le blé par exemple vaut 100€ à la tonne. Combien coute un kilo de farine? En controlant mieux les intermédiaires, on pourrait faire des économies. 150 tonnes de blé stockées chez moi sont passées par 10 acheteurs-revendeurs avant de partir de la ferme... Enfin, être agriculteur n'est pas un travail au quart de temps. Une député européène a récemment dit que les agriculteurs devaient trouver un travail de complément. Impossible pour un éleveur laitier qui passe déjà 7 heures par jour avec ses vaches sans même être allé dans ses champs. Nous ne voulons pas vivre de subventions. Nous voulons juste vivre de notre travail.
Rédigé par : Nicolas | mercredi 28 mar 2007 à 13:03