Face aux enjeux et à la gravité de la situation économique de notre pays, le discours du Président de la République à Rethel relève une fois de plus d’un numéro d’équilibrisme, voire d’illusionnisme.
La mesure phare annoncée est celle du recours accru aux contrats aidés dans le secteur non marchand, alors même que le candidat Sarkozy n’avait fait que pourfendre ce dispositif – et au-delà le traitement social du chômage - au cours de la campagne présidentielle de 2007 ; ce qui s'était concrètement traduit par la suppression de 200.000 d’entre eux ! D'ailleurs, en Indre-et-Loire, au nom de la nouvelle majorité du Conseil général, j'ai dénoncé cet état de fait dès le printemps dernier. A l'époque, le préfet m'a répondu que tout dépendait de la manière de considérer les chiffres...mais en catastrophe, l'Etat nous a demandé dès septembre de financer de nouveaux contrats aidés !
La presse a beaucoup mis l'accent sur le retour des contrats aidés. Je voudrais insister sur d'autres mesures du plan, qui me préoccupent et qui sont, en contradiction avec le discours présidentiel du moment, d’essence libérale : je pense en particulier à la volonté de favoriser les CDD ! En gros, le Gouvernement explique qu'en période de chômage, il faut renoncer aux droits sociaux et accepter une dose accrue de précarité !
Si l’on peut saluer les solutions empruntes d’interventionnisme, même si elles sont insuffisantes, nous ne pouvons que regretter le fait que la rupture idéologique ne soit pas au rendez-vous et que le cap libéral soit maintenu. De plus, le budget 2009 demeure un budget de rigueur, qui supprime 30 000 emplois publics, qui baisse les crédits du logement et de l’emploi, qui assèche les moyens des collectivités et qui en aucune façon ne prépare l’avenir. A l'occasion du débat sur le budget de la sécurité sociale, j'ai fait observer que les contraintes financières imposées à l'hôpital public impliquaient la suppression de milliers de postes : où est la cohérence ?
Il faut au contraire faire preuve de volonté, d’audace, d’ambition et d’imagination pour faire face à la crise qui nous touche. C’est tout le sens des 10 propositions présentées par le Parti socialiste. Il faut agir sur la croissance en la stimulant et en l’accompagnant. C’est pourquoi nous proposons que le pouvoir d’achat, l’investissement et l’emploi soient les trois piliers d’une nouvelle politique économique. Il faut par exemple mettre en place des structures régionales chargées d’impliquer concrètement les banques dans le soutien aux PME/PMI ; soutenir les revenus des salariés placés en chômage technique ; geler immédiatement la baisse des effectifs dans la fonction publique… Il faut aussi – et prioritairement – annuler le dispositif des heures supplémentaires défiscalisées : celui-ci ne fait que contribuer à augmenter gravement le chômage en rendant l’heure supplémentaire moins chère à l’entreprise que l’embauche ! Cette logique de destruction d’emplois sur fonds publics doit prendre fin au plus vite.
Volontaristes, audacieux, ambitieux, imaginatifs : nous le sommes. Le Parti socialiste s’oppose mais aussi travaille et propose. Nous le devons aux Français, pour que l’illusionisme, vainqueur en 2007, ne le soit pas en 2012 et que l’alternance ne soit pas un vain mot. Les Français l’attendent. A nous de la rendre crédible.
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