Dimanche soir. Je viens de tomber par hasard sur un débat télévisé, sur la 5, consacré à la crise que connaît la France. Ministre des comptes publics, élus, syndicalistes, experts, les invités étaient tous de haut niveau. D'où vient mon sentiment que l'on devisait aimablement de la crise sans poser les questions de fond ? Les invités ont échangé des arguments techniques sur le déficit, discuté pour savoir si celui-ci pouvait être enrayé grâce à la suppression d'un échelon territorial ou la remise en cause de la prise en charge de la maladie, sans que l'on s'interroge à quelque moment que ce soit sur le fonctionnement même du système. L. Parisot, patronne des patrons, a regretté qu'il n'y ait pas davantage de débats de ce type, permettant d'aller vers un changement consensuel. Mais ce n'est pas de consensus, dont nous avons besoin ! Deux exemples tirés de l'émission : E. Woerth a expliqué que, bien sûr, le Gouvernement s'engageait auprès des plus fragiles ! Et de citer le RSA. Mais qui a dit que c'est la politique économique suivie depuis des années qui crée la pauvreté ? Personne. Peut-être serait-il temps de prendre les problèmes à la racine.
Mais le summum, pour moi, a été atteint par Michel Pébereau, président du conseil de surveillance de BNP-Paribas, gourou financier de N. Sarkozy et apôtre infatigable du libéralisme. Il a fustigé, une fois de plus, les dépenses sociales françaises. Et suggéré que l'on se demande si chaque euro dépensé socialement l'était aussi efficacement que s'il avait été dépensé dans le privé. La crise que nous traversons est pourtant bien une crise née des dérèglements du capitalisme financier, de l'investissement privé mal maitrisé. Comment peut-on encore oser opposer l'efficacité de principe du privé à l'inefficacité de principe du public ? Il y a assurément des administrations et des dépenses publiques qui peuvent être mieux ciblées, plus performantes. Je l'admets bien volontiers. Mais expliquer, en ce moment, qu'il faut prendre modèle sur le privé, alors non ! Franchement non ! Nous vivons au quotidien les conséquences de l'inefficacité d'une gestion privée. Il est un peu fort de café de se faire donner des leçons sur ce terrain. Et je regrette que cela n'ait pas été dit plus vigoureusement sur le plateau.
"Comment peut-on encore oser opposer l'efficacité de principe du privé à l'inefficacité de principe du public ?"
Malheureusement il n'est pas aussi facile de re-nationaliser que de privatiser sinon ce serait simple : il n'y aurait qu'à laisser se faire la preuve de ce qui motive le privé : le profit et rien que le profit. Le service réellement public coûte forcément cher car il fonctionne selon une péréquation que permet la solidarité nationale.
Dans le service public, le bus qui ramasse trois voyageurs dans la campagne à 7 heures du matin voit son "déficit" compensé par celui qui roule en ville à sa capacité maximum. Dans le privé on prétend faire mieux à moins cher, et pouvoir rémunérer les actionnaires sur les seules économies réalisées. C'est oublier un peu trop vite que pour le privé le "gain" doit toujours être amélioré, et rapidement on veut supprimer ce qui n'est pas "rentable" : ce qui ne rapporte pas suffisamment de rente !
Si on laisse faire, à force de grignotage, le "monopole" public décrié par les libéraux va devenir, de fait, un "monople privé" aux mains de grand groupes comme Véolia qui phagocytent la totalité des activités de service public, on verra rapidement abandonner la notion de "service" pour celui de "rentabilité". On échangera un monopole contre un autre qui aura pour but logique et revendiqué d'enrichir ses actionnaires.
Les exemples de la dégradation des services quand ce n'est pas l'augmentation de leur dangerosité en raison des économies réalisées sur les équipements, sont nombreux dans les pays qui ont "laissé faire" le résultat on l'a vu en Suède, en Angleterre, aux Pays-Bas: les boîtes à lettre au bout de la rue, les trains dangereux, les services postaux dont les coûts augmentent...
Comment en est on arrivés là ? Par compromission.
Pour ne pas être "moins européens" que les autres, les gouvernements de gauche qui se sont succédés à la tête de divers pays européens ont accepté que l'économie de marché dicte sa loi, au nom d'une liberté dévoyée de son sens. Ils ont a accepté le principe de la libre concurrence dictée par des commissaires européens dont les nominations n'ont jamais été soumises au vote des citoyens.
Ces citoyens en ont eu assez, ils ont dit non, ils ont refusé d'accepter cette logique initiée par la génération précédente des responsables qui avaient connu les conflits, et pour qui le prix à payer pour garantir la paix valait tous les sacrifices.
Cette idée généreuse d'une Europe fraternelle a été reprise par la génération suivante, mais elle ne s'est pas rendu compte de la nature de la société qui se préparait.
Ces NON ont été trahis par ceux là même qui auraient dû remettre leurs choix en question.
A présent il ne faut plus s'étonner de voir les masques tomber, le cynisme s'afficher, pour les libéraux les dés sont jetés, ils peuvent à présent utiliser la justice européenne pour contraindre les états à ouvrir leur marché à LEURS conditions.
S'est ajoutée une bonne couche de "décentralisation" qui sous couvert de "liberté de gérer" n'est qu'une manière pour l'Etat de se défausser de ses dépenses sur les régions, et le fossé se creuse entre les régions "rentables" qui verseront leur part au privé au titre de la tenue de la charge de service public, et les régions défavorisées qui devront se résoudre à se satisfaire d'un service minimum.
Le "chacun pour soi" et l'individualisme, ces nobles vertus libérales imposées aux collectivités, quel beau résultat pour les uns, quel naufrage pour nous tous.
Il paraît que "lorsque l'on dîne avec le diable il faut utiliser une longue fourchette" ? Celui qui le sait et ne l'a pas fait, comment le qualifier ?
A présent il espère s'en sortir par cette autre formule " Puisque ces événements nous dépassent, feignons d'en être les auteurs" ? Faire croire que l'on maîtrise toujours la situation ...
Le monde a changé, lui aussi, c'est tellement plus simple que d'essayer de faire changer le monde. Son problème à présent que les doigts et la main y sont passés c'est de nous convaincre
que pour le bras, on peut compter sur lui, il ne laissera pas faire.
Non merci ça ne marche plus !
Je ne met pas en cause des personnes comme Marisol Touraine et tant d'autres qui ont fait la preuve de leur engagement, mais un appareil qui a atteint ses limites.
Le bel outil qui avait réussi la tache insurmontable de convaincre des résignés que les forces de l'argent pouvaient être battues, et que la fatalité qui semblait empêcher l'alternance était surmontable
a fini par se gripper. Après tout il a vécu sous cette forme pendant 27 ans, comparé aux autres partis ce n'est pas si mal.
Mais il est allé trop loin dans la compromission, c'est trop tard. La gauche ce n'est plus lui, la main passe et il n'a plus la légitimité pour porter ses valeurs et ses espoirs.
Rédigé par : Dominique Foucault | lundi 01 déc 2008 à 22:15
Dominique Foucault a adressé un bien bel écrit ! je vais être plus rapide et plus terre à terre ... les impots du Conseil Général vont augmenter de 10 à 15% et plus sérieusement de 12 % et cela ENERVE MADAME LE PRESIDENT DU CG !!! j'ai les lèvres gercées et ne peut donc pas en rire ... il faut refaire un bureau pour Madame le Président, certes moitié plus petit, embaucher du personnel pour quoi faire ? l'augmentation de 2,62% de la masse salariale, faire de nouveaux bureaux aux vices président(e)s ...Je sais vous allez justifier tout celà par le passé ! mais aujourd'hui le passé est dépassé et vous êtes au pouvoir du Conseil Général en faisant surtout ce que vous n'aviez pas promis.
Merci!
Rédigé par : Eilean | mercredi 03 déc 2008 à 09:09
Cher Eilean,
vous semblez oublier que lorsque la nouvelle majorité est arrivée aux responsabilités, certains éléments inattendus ont été découverts, comme par exemple la non-réévaluation de certaines autorisations de programmes...Ce fut le cas par exemple pour le périphérique. Dès lors, il faut trouver les millions manquant...C'est ce qu'essaie de faire avec courage la majorité de gauche !
Rédigé par : Simps | mercredi 03 déc 2008 à 11:26
L'augmentation des impots est du courage lorsque cela est décidé par les femmes et les hommes de gauche et de l'imbécilité et totalement inadmissible lorsque décidé par celles et ceux de droite !!!
Des éléments inattendus sont arrivés avec l'audit demandé par Madame le Président avec le secret espoir d'y trouver une solution à l'augmentation programmée de l'imposition ... au fait cela à coûté combien ? et la bonne gouvernance est de diminuer le train de vie pour faire des économies, vous le prônez asser!!!
Rédigé par : Eilean | mercredi 03 déc 2008 à 13:05