Cette
rentrée est chargée, au point qu’il m’a fallu renoncer à assister à plusieurs
cérémonies de vœux (Chambray, Loches, Sepmes, Abilly) dans le département pour
siéger à l’Assemblée. Je le regrette car ces moments de festivité conviviale
sont aussi l’occasion de discussions utiles : vous avez été nombreux à me
faire part, lors de mes autres déplacements, de vos inquiétudes face à la
remontée du chômage, de vos attentes à l’égard du PS, de votre préoccupation
face au climat qui règne dans la majorité du Conseil général. Je voudrais ici
revenir sur certains des moments importants de cette semaine.
Le vrai-faux remaniement de Nicolas SARKOZY. Depuis des semaines, on nous annonçait le jeu de
chaises musicales qui allait intervenir à l’occasion du départ de Xavier
BERTRAND du Gouvernement pour l’UMP. Ce n’est pas la nomination de Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET à l’économie numérique qui change quoi que ce soit au
caractère étrange de ces nominations annoncées si longtemps à l’avance qu’elles
en perdent toute solennité. Et que dire de la volonté présidentielle de mettre
sur le même pied la réorganisation de l’UMP et le remaniement
gouvernemental ? Belle manière d’afficher que, pour lui, le Gouvernement
ne compte pas plus que son parti. Il s’occupe de tout, au point de faire à F.
FILLON l’affront d’annoncer ces changements au moment même où le Premier
ministre présentait ses vœux ! Au fond, cette semaine aura montré de
manière éclatante que le Président
gouverne de manière partisane, sans même chercher à donner l’illusion
qu’il se préoccupe de l’intérêt général !
Le Parlement baillonné. On comprend mieux, dans ces
conditions, l’obsession du Président de vouloir faire taire l’opposition. Le
peu qui reste à celle-ci, le droit de parler, de dénoncer, de critiquer à
l’Assemblée nationale, il veut le lui retirer. On nous avait dit que la réforme
de la Constitution avait pour objectif de revaloriser le rôle du Parlement, on
comprend désormais qu’il s’agit de faire
en sorte que la majorité y détienne, en apparence, plus de pouvoirs, au
détriment de l’opposition. En apparence, car, en-dehors d’un ou deux actes
d’éclat des parlementaires de droite, le système politique français reste
évidemment dominé par ce que les spécialistes de droit constitutionnel
appellent le « fait majoritaire », c’est-à-dire la soumission
des parlementaires de la majorité au
Président ou au Premier ministre. Concrètement, dans la discussion tendue qui
occupe l’Assemblée en ce moment sur le droit d’amendement, le Gouvernement a
empêché l’examen de centaines de propositions déposées par le Parti socialiste,
réduisant ainsi au silence les députés qui souhaitaient faire valoir leurs
arguments. Comment s’étonner, dans ces conditions, de la tension qui règne dans
l’hémicycle ? Alors, nouveau Bonaparte, notre Président , comme le
soutient Alain Duhamel dans son dernier livre ? Un peu sans doute, par
leur commune tentation autoritaire ; mais n’est-ce pas faire beaucoup
d’honneur à N. Sarkozy ?
Le Conseil général en ébullition. Face à une droite tout occupée à conforter son propre pouvoir, le Parti
socialiste cherche encore un peu ses marques. Ces derniers jours, plusieurs
articles de presse se sont interrogés sur la « méthode Aubry », trop
silencieuse pour les uns, trop autoritaire pour les autres. Et si on lui
laissait le temps d’imprimer sa marque ? Le temps médiatique est ainsi
fait qu’il exige du changement immédiat, ne donne pas de temps au temps, pour
reprendre l’expression de F. MITTERRAND. Or la politique, la démocratie ont besoin
de temps. Temps de la réflexion, temps de la proposition, temps de
l’élaboration collective. Arrivée à la tête du PS début décembre, M. AUBRY ne
me semble pas avoir encore épuisé son capital en la matière. Un peu de
patience…
Reste que
les attentes sont fortes. Alors qu’au moins les querelles de personnes sont
derrière nous, à Paris, il ne faudrait pas les voir resurgir localement. En
Indre-et-Loire aussi la semaine a été tendue, dès lors que Philippe LE BRETON
et Alain MICHEL, vice-présidents socialistes, ont annoncé qu’ils ne voteraient
pas le budget. Je ne reviens pas sur le fond de leur argumentation, elle a
rempli les colonnes de la presse locale. La violence des propos employés de
part et d’autre est préoccupante. Je regrette le choix de ces deux
personnalités importantes de la vie départementale, maires respectés au-delà
des limites de leurs propres communes. La politique exige parfois des
compromis, elle attend toujours que la solidarité l’emporte sur les
divergences. Dans le même temps, il revient au responsable de l’exécutif de
savoir créer les conditions de cette solidarité et d’un travail serein,
confiant, constructif. Je souhaite que cet épisode soit vite dépassé :
toute surenchère, d’un côté ou de l’autre, serait désastreuse. Encore une fois,
la violence de certains propos me laisse préoccupée. Un peu de sérénité, que
diable ! Le temps doit revenir à la conciliation.
Car la droite, pendant ce temps, ne
daigne même pas faire valoir ses propres arguments. Opposée aux choix portés par la
majorité départementale, qui imposent une hausse de la fiscalité (je reviendrai
sur ce point un jour prochain), elle a préféré quitter la séance dès le début
des débats plutôt que d’expliquer les dépenses auxquelles elle entendait que
nous renoncions pour ne pas avoir à augmenter les impôts : s’agit-il des
routes, alors que je ne peux me déplacer sans que les élus locaux me réclament
qui une déviation, qui un aménagement de carrefour ? S’agit-il des
dépenses sociales, au moment où la crise fait craindre une augmentation du
nombre de chômeurs, où la part de la population âgée augmente, ce qui appelle
des efforts d’investissement pour la création de nouveaux établissements, où le
département innove en créant une bourse à l’intention des jeunes en formation ?
S’agit-il du soutien à l’économie, alors que les entreprises vont mal ?
S’agit-il encore de l’aménagement du territoire, singulièrement des actions en
direction des zones rurales (par exemple pour l’accès à l’internet
haut-débit) ? On ne le saura pas, puisque prétextant un envoi d’un jour
trop tardif des documents de travail, les élus de la droite locale ont préféré
se replier sur leurs cantons. Dommage ! Nous avions tant à comprendre ! On me dit que l’envoi des
documents a été fait dans les temps ; si tel n’est pas le cas, la justice
le dira : fallait-il pour autant renoncer au débat programmatique ?
Je fais partie de ceux qui ne confondent pas la justice et la politique. Pierre
LOUAULT, président du groupe d’opposition au Conseil général, dont l’élection
vient d’être invalidée pour dépôt tardif de son compte de campagne, devait
avoir d’autres chats à fouetter. Etrange qu’il ait fait de cette bataille
formelle le cœur de sa dernière bataille départementale ! Manifestement,
P. LOUAULT est fâché avec les dates et avec La Poste….
Une invalidation possible. Déclaré inéligible, P. LOUAULT ne peut se représenter à la cantonale
partielle qui sera organisée. A moins qu’il ne fasse appel. Mais on lit qu’il
aurait l’intention de faire appel, de démissionner, de se faire réélire,
espérant ainsi que sa nouvelle élection s’imposerait à la décision des juges.
En admettant qu’il soit réélu – il ne faut jamais préjuger du vote des
électeurs – il est soufflant de voir un élu, censé représenter l’ordre social,
espérer contourner une décision de justice par de petites manœuvres. Qui,
surtout, n’ont aucune chance d’aboutir ! P. Louault peut se faire réélire
dix fois, le jour où le Conseil d’Etat confirmera en appel, voire en cassation,
son inéligibilité, l’élu du Lochois sera démis de ses fonctions. De deux choses
l’une : où le jugement du tribunal administratif est annulé, et Pierre
Louault n’a pas besoin d’une nouvelle élection, il restera à sa place. Ou le
Conseil d’Etat le confirme, et nouvelle
élection ou pas, le chef de l’opposition départementale devra se retirer.
Machisme ambiant. A ce propos, nous avons assisté à une manifestation locale du machisme en politique. Pierre LOUAULT pourrait dans ce dernier cas nous dit-il, demander à sa suppléante de mener la bataille électorale, « pour lui garder la place au chaud », en attendant qu’il puisse revenir. Alors c’est ça, pour la droite, le rôle des femmes : garder la place des hommes au chaud ? Un peu insultant, non ? Et dire que la femme en question, Sophie METADIER, la maire de Beaulieu-lès-Loches, n’a rien trouvé à redire…
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