Carte scolaire : l’utile et l’indispensable
Ces deux mots expriment la politique de carte scolaire de Xavier Darcos. On garde ce qui est indispensable et on ferme ce qui est utile. On pourrait s’attendre à de tels propos dans la bouche du commandant d’un navire qu’on abandonne. On a peine à concevoir que l’on puisse appliquer au monde de l’école l’idéologie du radeau de la méduse. Pour affronter le gros temps il faut un bon équipage et un bon navire, c’est indispensable.
La suppression du poste d’animation lecture à St Pierre des Corps a quelque chose de la culture hors-sol. On s’accorde à dire qu’un des grands écueils de l’apprentissage de la lecture est que pour beaucoup d’enfants elle est avant tout un objet scolaire sans saveur, sans signification personnelle. S’il fallait s’arrêter sur l’un des objectifs poursuivis par l’animation lecture sur la commune de St Pierre des corps ce serait celui là : faire des livres des objets vivants, écrits par des femmes et des hommes que l’on peut rencontrer, avec qui on peut échanger. Ce n’est pas un supplément d’âme, c’est tout simplement mettre en acte un projet pédagogique ambitieux. Supprimer ou amputer ce poste c’est se couper du sol nourricier indispensable à l’apprentissage de la lecture : le plaisir de lire. C’est cantonner l’abord de l’écrit à un pur acte technique, hors sol. Conserver ce poste c’est indispensable.
Le gouvernement est-il encore ambitieux ? Il faut bien répondre par la négative car sur d’autres dispositifs la cote est mal taillée. Un poste sur l’école élémentaire république est gelé, une ouverture sur l’école élémentaire Marceau ne serait envisagée que par transfert d’un autre poste. Les ZEP initiées en 1981 par Alain Savary, ministre socialiste de l’éducation nationale, avaient pour ambition de donner plus à ceux qui avaient besoin de plus. En 2009, sous le gouvernement de François Fillon il faut faire moins, sans discernement. Comme dans tant d’autres domaines le gouvernement abandonne toute volonté collective. La réforme, selon Sarkozy, c’est le laisser aller. Pour nous la volonté publique c’est indispensable.
Il nous faut retrouver une ambition collective. Dire que supprimer ces postes là c’est une amputation, que c’est rendre un service public de moindre qualité car les conditions pour l’atteindre ne sont pas réunies. Nous devons proposer des mesures ambitieuses, innovantes. Il nous faut porter des projets formateurs et à la hauteur des enjeux. Pour cela il faut garder ces postes ouverts, ce n’est pas suffisant mais c’est indispensable
Dans cette période de difficultés profondes il est indispensable d’investir avec ambition pour ceux qui feront le pays de demain : c’est plus qu’utile, c’est indispensable !
Jean-Marc Pichon
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