La crise s’accentue. Comment ne
pas être inquiet de la sinistre progression, mois après mois, du chômage ?
L’Indre-et-Loire affiche des résultats moins sombres qu’au niveau national. En
revanche, le recours au chômage partiel y est massif, bien au-delà de ce que
l’on observe ailleurs. Dans ce contexte, le discours de N. Sarkozy, à
Saint-Quentin, apparaît quelque peu décalé. Qu’a-t-il proposé ? Rien de
nouveau ? Qu’a-t-il annoncé ? Pour la énième fois, la nécessité de
moraliser le capitalisme !
Parlons-en ! Pas un jour ne passe sans que les rémunérations
indécentes que s’accordent les dirigeants des entreprises les plus importantes
fassent la une de la presse ! On assiste à une véritable valse des
millions, qui laisse pantois tant les sommes annoncées paraissent invraisemblables. Mais les discours sur la
morale et la justice s’arrêtent au seuil des actes : un simple décret
interdira les stock options dans les entreprises aidées. C’est la moindre des
choses ! Mais un simple décret suffira à revenir en arrière ! C’est
pour cela qu’il faut une loi, qui porte sur l’ensemble des rémunérations des
dirigeants d’entreprises : évidemment empêcher les rémunérations variables
(et pas seulement les stock options, il y a aussi les bonus, les parachutes
dorés, les retraites chapeau) dans les entreprises aidées, mais plus largement
restreindre les stocks options à leur objectif initial qui était d’encourager
la prise de risque, en les restreignant aux entreprises qui se créent, par
exemple pendant 5 ans ; et revoir la hiérarchie des rémunérations dans les
entreprises : en 10 ans, les 0,01 % de Français les plus riches ont vu
leur revenu augmenter de 40% pendant que celui de 90 % de la population salariée progressait de 4%. Il fut un temps, pas si lointain, où
le revenu des patrons était acceptable pour les ouvriers et les cadres ;
ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il n’est plus temps de parler de morale, il
faut voter une loi. Le PS en proposera une le 30 avril : la majorité
osera-t-elle, comme d’habitude, la rejeter sans discussion au motif qu’il
« n’y a pas lieu d’en débattre » ? Epreuve de vérité en
perspective.
Le passage à
Paris de DSK a beaucoup fait parler. Dans le contexte de la crise, sa parole est utile, et manque au débat
politique. Dans le même temps, son action internationale est positive, qui impose désormais aux Etats qui sollicitent
l’aide du FMI (fonds monétaire international), dont il est le directeur
général, de respecter des conditions sociales (et plus seulement économiques et
financières). C’est un progrès important, concret, qui montre que l’on a tort
d’opposer, comme le Gouvernement, efficacité économique et solidarité sociale.
Reste que l’intérêt provoqué par la visite de Dominique Strauss-Kahn, et le
succès de sa prestation télévisée (il a
aussi été excellent à l’Assemblée nationale, devant les députés) traduisent une
attente : celle d’une parole forte, imaginative, progressiste, dans la
crise. Je ne crois pas qu’il faille chercher dans cette visite éclair des
raisons de « politique politicienne », dans la perspective des
élections de 2012. Le temps du choix par les socialistes de leur candidat(e)
viendra, mais en attendant il faut souhaiter que le PS se redresse,
collectivement. Sinon, quel que soit son porte-paroles face à N. Sarkozy, il
(elle) aura du mal à convaincre. Pour autant, mon admiration et mon soutien pour DSK restent intacts.
La
commission Hirsch travaille à proposer une nouvelle politique pour la jeunesse. J’en suis
membre, y représentant le groupe des députés socialistes. Lors du débat
parlementaire sur le RSA, j’ai regretté que l’âge soit à ce point discriminant,
puisque le jeune de moins de 25 ans qui travaille ne bénéficiera pas du même
soutien financier éventuel, en cas de revenu insuffisant, que son collègue plus
âgé payé au même niveau. La commission est intéressante, elle absorbe beaucoup
de mon temps puisque plusieurs réunions ont lieu chaque semaine. A ce stade, je
me contenterai de trois observations. D’abord, le décalage est frappant entre
les étudiants, dûment représentés par les divers syndicats existants, et les
autres jeunes, qu’ils travaillent, soient en formation ou en
« galère ». Ce sont deux mondes différents, et la jeunesse n’est pas
une, elle est diverse et c’est à tous qu’il convient d’apporter des réponses.
Les étudiants doivent être soutenus pour réussir leurs études, mais on ne peut
ignorer leur situation sociale ; les jeunes sans formation attendent des
réponses vigoureuses. D’où une deuxième observation, relative à la crise :
les jeunes vont en être les premières
victimes. Or on sait que des jeunes entrés sur le marché du travail en
conjoncture difficile traînent ce handicap pendant des années. Il faut que des
réponses fortes soient apportées. Pour autant enfin, on voit bien le
risque : que les propositions de la commission restent lettre morte, le
Gouvernement se contentant de quelques mesures destinées à atténuer l’effet de
l’arrivée d’une nouvelle génération en août sur le marché de l’emploi. Pour ma
part, si je crois nécessaires des mesures d’urgence, je ne pourrai m’en
satisfaire : les jeunes, plus marginalisés en France qu’ailleurs, ont
aussi besoin d’une politique plus globale, portant sur l’accès au logement, la
formation, la santé. Martin Hirsch y répondra-t-il ? Peut-être, sans
certitude à ce stade. Les socialistes
–députés, responsables du Parti – que je réunis régulièrement à cet effet, ont
bien l’intention de pousser en ce sens. (Cliquez ici pour lire la lettre de cadrage de la commission et ici pour voir le calendrier de travail).
Un bref
retour à la politique locale, aussi : Claude Roiron présente le budget du
Conseil général dans chaque canton. C’était le cas à Montbazon, jeudi dernier.
Exercice de démocratie de proximité salutaire et, me semble-t-il, bien
accueilli. Il est utile que les Tourangeaux perçoivent mieux ce qu’est le
Conseil général, à quoi il sert, et comment il utilise ses ressources, qui
proviennent pour beaucoup de nos impôts locaux. Claude Roiron, qui n’en était
pas à sa première présentation, a su faire preuve de pédagogie, en présentant le budget 2009 avec précision,
et aussi de manière concrète. Mais au-delà, il me semble que cette tournée des
cantons permet de montrer un autre visage du Conseil général que celui qui est
apparu trop souvent dans la presse ces dernières semaines. Je m’en suis déjà
expliquée, regrettant la violence des tensions qui ont accompagné la mise en place
d’une nouvelle politique, au sein même
de la majorité. Philippe Le Breton et Alain Michel, d’abord très critiques, et
dont j’ai regretté qu’ils rendent public leur différend, ont finalement décidé
de voter le budget présenté. C’est ce qu’ils ont fait le 27 février dernier (j’avais
prévu de prendre quelques jours de vacances à ce moment-là, auxquels j’ai
renoncé pour marquer, par ma présence, ma solidarité). Pour moi, l’affaire est
close. Des aigreurs peuvent demeurer, compréhensibles, mais chacun doit désormais
regarder devant. C’est à ce prix que nous pourrons démontrer aux Tourangeaux le
bien-fondé de nos choix. Comme le fait Claude Roiron à l’occasion de ses
visites cantonales.
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