La
campagne des régionales entame sa dernière ligne droite, et à en croire les
instituts de sondage, les jeux seraient faits. Si les pronostics se révèlent
exacts, alors la gauche se retrouverait à un niveau historiquement très élevé
dans notre pays, la droite enregistrant un échec sanctionnant à la fois ses
tentatives de manipulation des institutions locales et ses orientations de
politique nationale. A n'en pas douter, les électeurs vont d'abord se prononcer
sur le bilan et le rôle des exécutifs régionaux : comme l'un et l'autre sont de
qualité, il n'y a aucune raison pour qu'ils soient sanctionnés. Mais on ne peut
s'en tenir là, et à l'évidence le vote des 14 et 21 mars sera un message à
l'adresse du pouvoir national, message de doute, si la droite parvient à
conserver les régions qu'elle dirige, message d'avertissement franc dans le cas
contraire.
A dire
vrai, je me méfie des résultats annoncés trop tôt. Seuls comptent les
votes, pas les intentions de votes. Quelle meilleure manière de démobiliser
l'électorat que de lui laisser entendre que tout est déjà joué ? Le haut niveau
d'abstention potentielle est d'ailleurs
préoccupant, et il peut s'interpréter de diverse manière : l'intérêt pour le
scrutin est relatif, même si ses enjeux sont désormais mieux cernés et l'électorat de droite, déçu par la politique
nationale, peut préférer le retrait. Un sursaut de dernière minute n'est
cependant pas à exclure.
Il nous
faut continuer à mobiliser l’électorat socialiste. La chronique d’un
possible grand chelem peut dissuader ces électeurs d’aller voter : à quoi
bon, dès lors que le résultat final ne serait pas en cause ? Encore une
fois, un vote n’est jamais acquis d’avance et il est nécessaire de se mobiliser
dès le 14 mars. Par ailleurs, même si le vote n'est pas seulement national, il
est inimaginable que le gouvernement n'en tienne pas compte dans les prochains
mois. Comment serait-il envisageable qu'il poursuive sa politique comme si de
rien n'était alors même que les Français auraient voté massivement pour des
équipes revendiquant leur opposition nette aux choix nationaux et leur volonté,
dans la limite de leurs moyens et de leurs compétences, d'en atténuer les
effets nocifs au niveau local ? Le vote des 14 et 21 mars est décisif pour
cela. Que l'on parle de 3ème tour, comme Laurent Fabius, ou de message à
entendre, comme François Hollande, la réalité est bien celle-là : jusqu'où N.
Sarkozy se sentira-t-il libre d'engager les réformes qu'il a mises en sourdine avant
cette échéance électorale ? On pense évidemment au retour de la taxe
carbone et au dossier hypersensible des retraites. On voit bien comment N.
Sarkozy, sans cap ni boussole depuis quelques mois, pourrait être tenté de se
donner l'allure du grand réformateur en frappant un coup fort en la matière.
Etre l'homme qui ose prendre des décisions
douloureuses, difficiles, voilà ce qui ne lui déplairait pas. Pour
autant qu'il se sente les mains libres pour le faire. C'est cela que, par notre
vote, il faut éviter. Un fort vote socialiste exprimerait le refus de la
politique sociale engagée.
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