On se
croirait en été, et
ces quelques heures vécues au ralenti font du bien. Ce n’est qu’un répit, le
dossier des retraites va occuper le devant de la scène tout au long des
prochaines semaines, jusqu’au débat parlementaire prévu dès les premiers jours
de septembre. Vos réactions ont été très nombreuses, et s’en dégage un point
fort : la satisfaction de voir le Parti socialiste proposer, argumenter de
manière à la fois précise et offensive. Je fais partie de ceux qui ont, il y a
déjà plusieurs semaines, plaidé pour la présentation rapide de notre
contre-projet, avant même que le gouvernement ne dévoile ses intentions. Je
crois que c’était la bonne stratégie et je me réjouis que nous l’ayons
finalement adoptée : les socialistes ne se contentent pas de s’opposer,
ils proposent ; c’est autour de notre projet que se construit le débat
public.
Le
gouvernement ne sait plus sur quel pied danser, entre vraies fuites
et fausses rumeurs. Lorsqu’il annoncera
que, la retraite à 60 ans, c’est fini, l’effet de surprise sera nul ! Le
sujet, désormais, n’est pas de savoir si la droite va durcir les conditions de
départ en retraite pour les plus modestes, mais ce qu’elle va proposer
« en plus ». Sans tomber dans un débat technique, inutilement obscur,
je voudrais insister sur deux points : d’abord, même s’il repousse l’âge
légal de départ de 60 à 63 ans et s’il fait passer la durée de cotisations
nécessaire de 40,5 annuités aujourd’hui à 43,5 , le gouvernement n’aura
trouvé que la moitié des financements nécessaires. Pour boucler une réforme des
retraites crédible, il lui faut donc trouver d’autres financements : cela
s’appelle des prélèvements, des cotisations ou des impôts. D’où ma deuxième
remarque : la droite nous accuse de prévoir des prélèvements sur les
revenus du capital et de mettre en place une « bombe
fiscale » : elle est bien mal placée pour donner des leçons, elle qui
a créé près de 20 taxes et impôts nouveaux depuis 2007, qu’il s’agisse des
franchises médicales, de la taxe sur les ordinateurs ou de l’impôt sur les
assurances vie. La question n’est pas de savoir si de nouveaux impôts sont
nécessaires, la réponse est oui et plusieurs voix à droite se sont déjà élevées
pour le dire ; la question est de décider qui doit payer ces nouveaux
impôts. Pour les socialistes, ce sont d’abord les détenteurs de capitaux et les
grandes entreprises ; pour la droite, la priorité est toujours la même,
taxer les catégories populaires et les classes moyennes.
Je
reviens d’un mot sur notre projet de « retraite choisie ». Je l‘ai dit, il
s’agit d’un côté de protéger les Français qui ont commencé à travailler jeunes,
qui ont eu des métiers pénibles, et de l’autre d’encourager à travailler plus
longtemps. L’objectif, c’est bien de faire reculer l’âge moyen de départ en
retraite, aujourd’hui de 61,6 ans. Pour faire reculer cet âge, nous voulons
jouer la carte de l’incitation : je réponds à un commentaire, je ne compte
pas seulement sur le civisme des Français, le projet du PS s’appuie sur des
mécanismes incitatifs (de type « surcote »). Je crois aussi – et je
réponds à un autre commentaire - que l’on pourra travailler plus longtemps si
l’on prend en compte une partie des études : nous proposons que les
salariés puissent valider jusqu’à trois années d’études, en payant une
cotisation quand ils commencent à travailler, étalée sur 15 ans par exemple
pour que ce ne soit pas trop lourd. La
réforme des retraites ne peut pas être une simple réforme comptable :
c’est l’occasion de prendre en considération les évolutions de la société.
Cannes
et le socialisme.
Le palmarès du festival de Cannes est tombé, je ne suis pas en mesure de
l’apprécier. Je remarque la vigueur du cinéma français, ce qui est valorisant,
j’avoue bien aimer Juliette Binoche, et son prix me fait plutôt plaisir même si
son film, Copie conforme, de
l’iranien A. Kiarostami, m’a paru très verbeux entre des débats à n’en plus
finir sur le lien entre une œuvre d’art et sa copie et les échanges très
distanciés d’un couple qui part à vau l’eau. Toujours est-il que j’ai
finalement renoncé à aller voir Socialisme,
de Godard. J’avoue ne pas être une « fan » de ce cinéaste, même s’il
a sans aucun doute possible révolutionné le cinéma. Il y a un avant et un après
Godard, A bout de souffle, Pierrot le fou ou le Mépris ont inventé une manière de montrer, de faire parler,
d’abolir les frontières entre peinture, écriture, image. Mais ces films ne me
touchent pas, je les trouve froids, distanciés. Le titre choc du film, Socialisme, ne pouvait me laisser
indifférente. Godard y filme, paraît-il, la mer de manière éblouissante. Et il
s’est expliqué : la mer, c’est le socialisme. Intrigant…On me dit
néanmoins que ce film est plus Godard que Godard, j’ai donc flanché et ne suis
pas allée le voir. J’attends toujours de savoir pourquoi la mer, c’est le
socialisme…
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