Marchés. Le mot revient en boucle, dans la
bouche de nos dirigeants. Les décisions, désormais, ne se prennent plus dans
l’intérêt des Français ou de la France, mais dans celui des marchés !
Ainsi, mercredi dernier, quelques minutes après avoir présenté à la presse sa
réforme des retraites, E. Woerth s’est-il adressé en petit comité aux
spécialistes économiques. Son message ? Rassurer les marchés, les
convaincre que la rigueur était au rendez-vous. On comprend donc que ce qui est
bon pour les marchés doit être dur pour les Français. Ce raisonnement, ressassé
jusqu’à plus soif par nos ministres, finit par être insupportable, comme s’il
ne pouvait y avoir place pour des politiques socialement justes et
économiquement responsables.
Sapeur Camember. Je ne sais pas ce que diront les
marchés de la réforme des retraites du gouvernement. Injuste, elle l’est
assurément, je l’ai largement développé sur ce blog. Mais elle est aussi
irresponsable. Irresponsable parce que le financement de nos retraites n’est pas
assuré : à l’horizon choisi – 2018, autrement dit, demain ! – succède
un trou noir ; d’ici là, le gouvernement prend la responsabilité de
saborder les réserves accumulées (dans le fonds de réserve des retraites) pour
faire face au choc démographique des années 2020 et au-delà : à cette
date, à suivre le plan proposé, nous serons privés de toute marge de
manœuvre ; et en attendant, rien n’est assuré puisqu’il manque 15
milliards pour boucler le financement du projet gouvernemental : 15 milliards
qui seront puisés dans les caisses de l’Etat, déficitaires ! Un déficit
comblé par un déficit, il fallait oser y penser, c’est digne du Sapeur
Camember qui faisait un trou dans sa chaussure par temps de pluie pour
permettre à l’eau d’en sortir !
Exemplarité. Depuis quelques semaines, le
gouvernement tente d’expliquer que, par ces temps de rigueur, l’Etat doit
montrer l’exemple. L’exemple, en tout cas, les ministres ne le montrent pas.
J’ai suffisamment déploré le populisme anti-élus pour avouer ma stupéfaction devant
les nouvelles qui nous assaillent, en rafale : une mission bidon,
rémunérée 9500 €, 12 000 € de cigares ici, des appartements de fonction prêtés
par là : on croit rêver ! Là-dessus vient se greffer l’affaire
Bettencourt, mauvais roman policier qui a de quoi tenir la France en
haleine ! La Française la plus riche a donné près d’1 milliard d’euros à
un artiste. Avait-elle toute sa tête ? La question préoccupe la fille, qui
a défaut d’avoir de l’amour pour sa mère veille à ses intérêts. L’enjeu n’est
pas mince, on la comprend ! Alors, Mme Bettencourt était-elle lucide ou
s’est-elle fait arnaquer ? Je n’en sais rien, cela m’est égal, je suis
frappée seulement de ce que l’affaire intéresse les plus hautes sphères de
l’Etat. L’Elysée s’en mêle, pour assurer la milliardaire de son soutien. La
partie n’étant plus égale, la fille – vous suivez ? – fait entrer en scène
un valet, oui, oui, un valet, qui pose des micros pendant qu’il fait la
poussière ! Et voilà que les enregistrements se retrouvent dans la
presse : on y apprend tout à la fois que Mme Woerth, l’épouse du ministre
alors en charge des impôts, travaillait dans le fonds de gestion de la fortune
de Mme Bettencourt et que la milliardaire prenait ses aises avec le fisc. Que
peut-on en déduire ? Rien, sinon que nous avons besoin de transparence. Il
y a en droit une théorie qui est dite des apparences : il ne suffit pas de
respecter la loi, il faut en plus le montrer. Si le couple Woerth a la légalité
pour lui, ce qui est probable, il se devait de ne donner prise à aucune
ambiguïté. Oui, Mme Woerth a droit à sa carrière ; mais servir l’Etat
impose des sacrifices. C’est ce qu’avaient compris Anne Sinclair ou Béatrice
Schoenberg, journalistes TV en vue, qui toutes deux abandonnèrent des postes
qu’elles ne devaient en rien à leur mari lorsque ceux-ci, DSK pour l’une,
JeanLouis Borloo pour l’autre, devinrent ministres de la République.
Foot. Que dire ? ras le bol. On n’en croit pas ses
yeux ! Quel déballage, quelle honte, quel mépris pour les Français. Ainsi
donc l’équipe de France ne pensait plus qu’au fric. Triste allégorie de l’air
du temps. Le problème, c’est que si ça ne nous fait pas rire du tout, cela fait
rire de nous partout !
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