Mardi, lors des questions d'actualité à
l'Assemblée, j'ai eu un échange « musclé » avec Eric Woerth. Au nom du
gouvernement, il ne cesse de donner des leçons à l'opposition. Tel un disque
rayé, il répète que les socialistes n'ont rien à proposer, ce qui ne l'empêche
pas d'affirmer quelques instants plus tard, sans craindre la contradiction, que
notre projet est irréaliste. Bis repetita hier, lors de son audition en
commission des affaires sociales.
Affichant un mépris insupportable à l'égard de l'opposition et, pire
encore, à l'égard des salariés les plus modestes, il nous a présenté sa
réforme. Injuste, cette réforme l'est mais ce n'est pas une surprise pour nous
; mais elle est en plus totalement irresponsable et ne règle rien.
Ainsi donc, ce gouvernement qui nous donnait
des leçons de responsabilité et de courage aura préféré proposer une réforme à
l'horizon 2018
! C'était bien la peine de nous expliquer qu'à ne pas nous projeter jusqu'en
2050 nous étions, nous les socialistes, des irréalistes. Mais je l'ai dit
mardi, nous ne partageons pas, avec le gouvernement, la même conception du
courage : où est le courage à faire travailler plus longtemps ceux qui ont
commencé à travailler jeunes, les femmes qui ont subi le temps partiel et la
précarité, où est le courage à ménager les hauts revenus et les revenus du
capital ?
Injuste, la réforme l'est parce qu'elle ne
repose pas sur un effort partagé. Ce sont les salariés, et parmi eux les plus
modestes, qui vont faire les frais de la rigueur. La contribution sur les
revenus du capital (5% de l'effort total) est si faible qu'elle apparaît pour
ce qu'elle est : un alibi d'équité, si grossier cependant qu'il ne peut
convaincre. Qui va payer ? Les salariés ayant commencé à travailler jeunes,
d'abord, qui devront poursuivre leur activité jusqu'à 62 ans sans y gagner un
euro de plus ; les femmes, ensuite, qui ayant eu des carrières plus fragmentées
que les hommes sont plus nombreuses à devoir attendre 65 ans, âge auquel on
peut partir en retraite à taux plein : il leur faudra désormais attendre 67 ans
; les salariés ayant exercé des métiers pénibles enfin, à qui le gouvernement
fait l'offense de proposer une « retraite sur ordonnance »
(l'expression est de Roland Muzeau, mon collègue communiste, et je la trouve
percutante) : qui peut croire que 10 000
salariés seulement sur les 24 millions que compte notre pays sont exposés à des
produits cancérigènes, portent des charges lourdes...? Pour bénéficier d'un
départ anticipé, il faudra pourtant se soumettre à une visite médicale, avant
60 ans : avec ce régime, aucun des malades de l'amiante n'aurait été reconnu
travailleur en pénibilité ! Quant aux fonctionnaires, s'il est équitable qu'ils
soient mis à contribution dans les mêmes proportions que les salariés du privé,
il faut rappeler que leur pouvoir d'achat a baissé de 10% depuis 2002 !
Mais en plus, le gouvernement nous présente
un projet à courte vue : au-delà de 2018, c'est le trou noir, aucun financement
n'existe réellement. Et d'ici là, le bouclage financier du projet n'est pas
assuré : les ressources du fonds de réserve des retraites, accumulées pour
faire face au pic du déséquilibre démographique après 2020, vont y passer. Mais
plus irresponsable encore, le projet du gouvernement se finance pour 15
milliards sur....la dette de l'Etat ! Combler un trou par un trou, il fallait y
penser ! Et dire que la droite s'arroge des brevets de bonne gestion !
Une réforme des retraites est indispensable. Le défi s'énonce simplement
: si nous voulons que les jeunes générations aient confiance dans notre
système, qu'elles aient la certitude que, le jour venu, elles pourront à leur
tour compter sur la solidarité nationale, il est impératif de consolider dans
la durée nos régimes de retraite. Le gouvernement a loupé cette étape,
préférant la facilité des tours de passe-passe comptables à une véritable
réforme de fond ; la vérité est qu'il se préoccupe moins des retraites des
Français que de la prochaine campagne présidentielle de Nicolas sarkozy.
Je suis indigné par l'arrogance d'Eric Woerth qui méprise la classe ouvrière dans ses choix pour cette réforme injuste vers la population la plus fragile .
Je suis outré par l'attitude d'Eric Woerth qui ce matin déclare " nous ne redoutons pas les manifestations du 24 " c'est du mépris , je serai dans la rue .
Un grand BRAVO a Marisol Touraine pour son intervention éloquente , juste et poignante à l'Assemblée Nationale.
Rédigé par : Pierre Lorant | jeudi 17 juin 2010 à 10:46