Marisol Touraine est intervenue lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement, mardi 17 mai 2011.
Elle a interpellé M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé, au sujet des difficultés que rencontrent de plus en plus les Français pour se soigner.
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Vous pouvez voir ci-dessous la vidéo de son intervention.
Madame,
Je suis neurologue et me suis installée à Paris il y a 6 ans. Une consultation de neurologie dure au moins 45 minutes et le plus souvent 1h. Depuis que je me suis installée, le "tarif sécu" de la consultation est le même : 34,30 euros. Je pratique donc les dépassements d'honoraires même si je préfèrerais évidemment faire autrement. Il me semble cependant que c'est la seule façon d'accorder aux patients le temps qu'ils méritent et que l'on ne leur accorde pas toujours à l'hôpital ou dans les consultations en secteur 1 qui doivent être plus courtes...
Un second tarif a été créé pour les patients que l'on voit rarement et pour lesquels on "conseille" le médecin traitant : il est de 55 euros. Je le pratique peu car je respecte les conditions dans lesquelles il doit être appliqué (sinon, cela représente un surcoût pour la collectivité de 20,7 euros). A l'hôpital toutefois, pour information,toutes les consultations sont ainsi cotées.
Comme beaucoup de mes confrères, je suis tiraillée entre la nécessité de bien soigner les gens et celle de gagner correctement ma vie, ce qu'il est en France politiquement incorrect de dire. J'ai choisi la médecine par vocation, j'ai fait de longues études, je continue à me former à l'hôpital etc... comme beaucoup de mes confrères : je pense que cela mérite un certain degré de reconnaissance financière.
Il y a probablement des abus dans les dépassements d'honoraires, mais je ne me reconnais pas dans le discours des politiques qu'ils soient de gauche ou de droite ; je ne reconnais pas non plus la plupart des généralistes et spécialistes avec lesquels je travaille quotidiennement.
Si vous supprimez les dépassements d'honoraires, je ne pourrai pas faire mon travail dans de bonnes conditions, en conservant la même durée de consultation, en continuant mon activité hospitalière et en allant discuter mes dossiers avec mes confrères hospitaliers. J'y renoncerai donc ou sortirait du système à moins que vous n'interdisiez cela aussi... En effet, si vous ne le faites pas, le déconventionnement des médecins qui pratiquent des dépassements d'honoraires importants rendra cette fois totalement inaccessible certaines consultations aux patients les moins fortunés... Quant au secteur optionnel, je ne suis pas certaine non plus qu'il soit possible dans Paris (à moins que, dans votre projet, vous proposiez de nous loger gratuitement ou à très bas coût).
Je vous invite, si votre agenda vous le permets, à venir partager notre quotidien au cabinet et peut-être à assister à quelques consultations.
Hélène TURMEL L'HELGOUACH
Rédigé par : Hélène TURMEL L'HELGOUACH | jeudi 26 mai 2011 à 09:41