Cette semaine aura ravi les Solférinologues, qui cherchent à savoir quel est le vainqueur de la bataille du calendrier ! L'affaire est à la fois secondaire et sérieuse. Secondaire parce qu'aucun candidat ne s'impose grâce à un calendrier : ceux qui espèrent qu'en repoussant la date limite de dépôt des candidatures au 13 juillet et non au mois de septembre, ils viennent de remporter une victoire sur DSK se croient au théâtre. Le meilleur candidat s'imposera parce qu'il aura un projet, une vision pour la France. Or, aujourd'hui, le meilleur candidat, sans l'ombre d'un doute, est Dominique Strauss-Kahn. Parce qu'il allie compétence et innovation, responsabilité et imagination. Parce qu'il inspire confiance, confiance en sa capacité de réforme, confiance des Français en eux-mêmes. Prétendre faire tourner le Parti socialiste autour de la possible candidature de DSK serait absurde ; imaginer pouvoir le contourner alors qu'il est de tellement loin le mieux placé serait une gageure.
C'est pour cela que les arrières-pensées des uns ou des autres sont sans grande importance, à ce stade. En revanche, la question de savoir si ce calendrier avantage les socialistes ne peut être ignorée. Je ne le crois pas, et ce quel que doive être notre candidat(e). Comment imaginer commencer une campagne au moment même où les Français partent en vacances ? Ce n'est pas la meilleure manière de s'adresser à eux ! Imagine-t-on distribuer des boîtes à pizzas à l'effigie de tel ou telle, ou engager une tournée des plages et des campings ? Contrairement à ce que je lis ou j'entends parfois, je ne pense pas que nous ayons besoin d'une campagne longue : le faux-plat de l'été risque d'être meurtrier.
Martine Aubry se sera positionnée comme une première secrétaire classique, jouant la carte de la synthèse, ce qui parfois aboutit à des choix mi-chèvre, mi-chou. Mais le train est lancé, il faut désormais avancer. Et avancer, c'est travailler. Travailler à la victoire électorale, en mars prochain, à l'occasion des cantonales. Travailler à l'élaboration d'un projet, qui doit être un socle commun qui servira de levier pour la rédaction du programme présidentiel, par le/la candidat(e). L'exercice est difficile : il faut proposer un chemin, marquer les esprits par des propositions fortes sans pour autant donner le sentiment que le candidat désigné n'aurait d'autre choix que de se couler dans le moule ainsi élaboré. Cela n'aurait pas de sens, d'ailleurs, que de prétendre graver dans le marbre au printemps 2011 le fil conducteur d'une campagne à venir au printemps 2012...Difficile, l'exercice n'est cependant pas inédit. Chaque élection présidentielle s'est ainsi préparée, entre un cadre élaboré par la rue de Solférino et un programme présidentiel marqué du sceau de la personnalité de nos candidat(e)s. L'équilibre n'a pas toujours été trouvé, il ne peut à l'évidence se former ni dans l'écriture d'un petit livre rose que le/la candidat(e) se bornerait à réciter, ni dans une échappée solitaire nécessairement périlleuse.
L'année 2011 est décisive pour le parti socialiste, elle est décisive pour les Français. A l'heure où certains se retournent vers 1981, il faut nous souhaiter collectivement de préparer l'avenir.
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