Les dernières semaines ont été très chargées, dominées par la discussion de la loi sur l'hôpital et la santé (loi dite HPST). J'ai veillé à vous tenir informés de mon activité, mais j'avais un peu abandonné mon clavier. Il fallait bien une journée de mobilisation et de manifestations pour que je reprenne la plume électronique ! Je le fais avec plaisir, car je ne dirai jamais assez que ce blog me sert aussi à mettre mes idées au clair, à maintenir le contact avec vous.
La loi HPST, d'abord. Son examen s'est achevé par son vote solennel, hier, dans une relative indifférence. Je le regrette et m'en inquiète. Avec l'emploi et l'éducation, la santé est sans doute l'un des sujets de préoccupation majeurs des Français, trop souvent traité de manière technocratique. Depuis des années, on ne parle que du déficit de la sécurité sociale – et il faut évidemment en parler, ce n'est pas une petite affaire- ; mais la politique de santé ne peut se réduire à une question comptable ! Or, au lieu d'une grande loi garantissant l'égalité d'accès aux soins, Roselyne Bachelot s'est contentée du service minimum, muselant l'hôpital public et n'apportant aucune réponse de fond au défi urgent des déserts médicaux. Je n'y reviens pas, ce blog est plein des débats de l'Assemblée. Un point cependant : que penser d'un Gouvernement qui, à plus de 4heures du matin, le dernier jour de séance, fait voter par les quelques députés présents l'annulation d'amendements adoptés à l'initiative de la gauche, quelques semaines auparavant ? Pas beaucoup de bien, franchement. La gêne était palpable à droite aussi, dont certains élus se sont finalement abstenus.
Le mouvement social, ensuite. Les manifestations ont été nombreuses, partout en France. Retenue à Paris, j'ai défilé dans la capitale, et non à Tours. On me dit que la foule y était sans doute plus nombreuse que le 29 janvier dernier. La colère est palpable, l'inquiétude aussi. Le Gouvernement ricane, et nous oppose « l'exception française » : pourquoi manifester face à une crise mondiale, alors que les autres Européens, soumis à un aussi rude régime, ne le font pas ? L'argument est habile, il n'est pas recevable. D'abord, parce que rien n'oblige à l'uniformité sociale. Il y a des cultures politiques et sociales, et personne ne songe à uniformiser nos systèmes éducatifs, de sécurité sociale ou nos régimes constitutionnels ! La culture de la protestation est forte en France, où elle s'est développée avec et face à un régime politique dominé par l'Etat, qui laissait peu de place à la société civile. Dans les pays où la culture de la négociation sociale est forte, les manifestations sont moins nombreuses. Mais avant de lâcher la proie pour l'ombre, encore faudrait-il que le MEDEF aussi prenne exemple sur les patronats des autres pays, et n'oppose pas systématiquement une fin de non recevoir aux revendications syndicales. Les traiter de démagogiques n'est assurément pas, de la part de Laurence Parisot, un signe d'intelligence sociale !
Ensuite, la France a un modèle très particulier, qui accorde une place importante au service public. C'est ce système qui est mis à mal par la mondialisation économique, alors même que la crise en démontre les vertus. Les Français ont donc raison de se mobiliser pour le sauvegarder, ce qui ne signifie pas qu'il ne doive pas évoluer. Mais, on le sait bien, pour le Gouvernement la réforme du service public signifie souvent sa suppression. La force du mouvement actuel tient à ce que les salariés du privé aussi apportent leur soutien à un modèle de société qui reconnaît une place importante au service public.
Enfin, je ne vois pas au nom de quoi il faudrait accepter sans broncher les comportements indécents de certaines entreprises. La révolte a du bon !
Ce qui m'amène au chiffre du jour : grâce au bouclier fiscal, en 2008, 834 contribuables, dont le patrimoine est supérieur à 115,5 Millions d'euros, ont reçu un chèque du fisc d'une valeur moyenne de 368 000 €. Pas mal, non ? Tout simplement scandaleux.
Un dernier mot sur le retour de la sécurité dans le discours gouvernemental. Le réflexe de N. Sarkozy a quelque chose de pavlovien. Sa politique est un échec absolu, les statistiques le montrent. Au-lieu d'en changer, il profite de chaque nouvel incident grave pour donner un tour de vis répressif supplémentaire à sa politique. J'aurai l'occasion d'y revenir. Mais je voudrais dénoncer l'instrumentalisation qui est faite de ces événements : est-ce un hasard si le Président de la République a annoncé des mesures pour lutter contre les violences commises en bande hier, soit la veille de manifestations importantes ? Je ne le crois pas. Face à la crise économique et sociale, pour masquer l'échec de sa politique et l'absence de réponse aux inquiétudes des salariés, N. Sarkozy va jouer à nouveau des peurs face à l'insécurité. première des libertés, la sécurité des Français mérite mieux que cela ! car, en attendant, les habitants des quartiers sensibles, eux, ne voient aucune amélioration à leur tranquillité quotidienne.
Bonjour Madame,
Lorsque je lis vos réflexions sur le bouclier fiscal ,je ne peux m'empecher de vous soumettre le cas des séniors qui après plus de 40 années de travail se retrouvent avec 440 euros pour essayer de survivre jusqu'a la retraite.Il est évident que la meilleure des solutions serait de retrouver un emploi mais en ces temps de crise personne n'embauche des anciens de 58 ans et plus.Avec votre esprit pratique et vos fonctions nous espèrons voir en vous ainsi que le groupe socialiste des défenseurs .Nous sommes environ 68000 familles à qui on supprime le droit de vivre après tant d'annèes de travail.Belle récompense et surtout belle perspective pour les jeunes.Merci de m'avoir lu.Cordiales salutations
Rédigé par : giffan | mardi 24 mar 2009 à 13:49