Députée de la troisième circonscription de l'Indre-et-Loire. Vice-présidente du groupe socialiste. Présidente du Conseil général. Secrétaire nationale du Parti socialiste.
Marisol Touraine a présenté, mercredi 8 avril, en compagnie d'Antoine Détourné Président du MJS, les mesures préconisées par le Parti socialiste pour venir en aide aux jeunes qui sont les premières victimes de la crise.
Cliquez ici pour lire la note "urgence : les jeunes face à la crise" rédigée par Marisol Touraine.
Cliquez ici pour lire l'article publié par Les Echos à la suite de la conférence de presse.
Madame,
Les mesures que vous préconisez me parraissent très intéressantes et je l'ai défendrai lors de la prochaine AG MJS et en section.
J'apprécie beaucoup l'allocation l'« allocation-formation Rebond ».
Une simple question, êtes-vous favorable à l'allocation d'autonomie jeune, revendiquée par l'ensemble des organisations de jeunesses de gauche ?
Bon courage,
Raphaël.
Rédigé par : Raphaël | vendredi 10 avr 2009 à 23:20
Madame le Député,
Pourriez-vous m’apporter quelques précisions sur les propositions du PS concernant les jeunes face à la crise.
Commençons par le point 4.1. : vous préconisez la création de 100 000 emplois jeunes pour 1.1 milliard d’euros. Comment arrivez-vous à ce résultat ?
Si, j’ai bien compris, vous souhaitez proposer des emplois au SMIC (au minimum) dans des administrations publiques et ou associations, avec un financement à 75% par l’Etat. Cependant, je tiens à vous faire remarquer que si ces emplois ne sont proposés que par des collectivités et ou des associations subventionnées, en fait, ces emplois seront financés au final à 100% par nos impôts.
Ensuite pour en revenir au coût, un SMIC revient en réalité à l’employeur (ici nos impôts), à un peu plus de 1500 € charges comprises. Pour simplifier les calculs, je vous propose de prendre 1500€.
Donc sur un an, cela fait 18000€ soit 1.8 milliard pour 100000 emplois. C’est donc 63% de plus que ce que vous annoncez !!!
Et ceci, pour une durée de 5 ans. Le montant total du coût est donc au minimum de 9 milliards d’euros (sans compter les possibles et normales augmentations salariales que vous semblez oublier dans vos simulations !).
Merci de m’apporter des clarifications sur ce point avant que nous discutions des points suivants.
Bien à vous,
Rédigé par : Esudt | jeudi 16 avr 2009 à 23:34
Raphaël, merci pour votre réaction. Cela me permet de bien distinguer deux choses : d'une part les mesures d'urgence à prendre pour que les jeunes susceptibles de chercher un emploi ne soient pas laminés par la crise actuelle, d'autre part les réponses structurelles qu'il faudrait leur apporter. Le travail que j'ai fait pour le PS se limite au 1er point. Je réunis un groupe de parlementaires toutes les semaines, et nous allons poursuivre notre réflexion pour aborder les questions structurelles, qui se poseraient de toute manière, crise ou pas crise.Bien que j'aie un doute sur la volonté du Gouvernement d'aller au-delà de quelques mesures d'urgence.
J'ai été parmi les premières, en 1997, à demander que l'on réfléchisse au principe d'une allocation pour les jeunes. Je pensais, je l'avue, d'abord aux jeunes les plus en difficulté. Aujourd'hui, il me paraît impossible d'ignorer que les études supérieures ne cnstituent plus un passeport garanti pour la réussite professionnelle : 50% des jeunes sortent de leur cursus sans diplôme !
Oui, je suis favorable à la reconnaissance d'un droit universel à une allocation autonomie pour les jeunes. Il me paraît cependant nécessaire (et réaliste) de tenir compte des ressources du jeunes pour son versement (qui doit être variable, voire nul dans certains cas). Mais au-delà de ce sujet, des questions difficiles se posent : faut-il étendre le RSA chapeau (le complément versé aux salariés pauvres) aux moins de 26 ans ? Je le pense plutôt ? Mais faut-il alors tenir compte du travail étudiant ? La réponse est moins simple. La réflexion, en tout cas, est engagée....
Rédigé par : Marisol Touraine | mercredi 22 avr 2009 à 09:22
Là, on fait enfin de la politique!
L'allocation autonomie pourrait être versée aux jeunes qui ne sont pas actifs. Elle serait proposée aux jeunes ayant plus de 18 ans, ayant obtenu le bac ou un diplôme équivalent à une sortie temporaire ou définitive d'étude (Bac pro, BEP...) Elle se substituerait ainsi au RMI inexistant pour les moins de 25 ans. Cette allocation pourrait voir comme contrepartie la participation à un processus de formation, et/ou à une participation à des activités sociales (au sens large du terme: éducative, culturelle, périscolaire...) mises en place par des collectivités locales, ou des associations.
Cette catégorie inclue bien entendu les étudiants. La question du cumul avec un emploi salarié n'est pas sans question:
1)Sur quels critères refuser l'octroi de l'allocation à quelqu'un qui a décidé de travailler en parallèle?
2)Peut-on discriminer le montant de l'allocation selon que le jeune travail ou non?
Si un jeune décide de travailler il s'expose à une augmentation de ses revenus et devient susceptible d'être imposable. On peut alors songer à exonérer le montant de l'allocation de l'IR.
On peut en revanche insister sur le fait que l'octroi de cette allocation relève d'un contrat exigeant certains devoirs (l'aide aux devoirs des plus jeunes par exemple). SR en avait fait la proposition lors de la campagne présidentielle de 2007 (la meilleur qu'elle ait formulée selon moi à cette période). Le suivi des tâches incombant à l'allocataire serait assuré par les responsables des structures l'accueillant et limiterait par conséquent les phénomènes de passager clandestin. Ainsi, nous ne contraignons pas l'initiative individuelle consistant à vouloir augmenter ses revenus par du travail, mais nous proposons également une aide publique ponctuelle afin de limiter la précarité du jeune.
Reste une question épineuse: Doit-on offrir l'allocation à un jeune issu d'un ménage à revenu aisé. C'est le principal effet d'aubaine de la mesure. Si nous désirons mettre l'accent sur l'autonomie financière d'un jeune, il convient de la fournir sans condition de revenus des parents qui lui apporteront un soutien économique conséquent avec ou sans l'allocation. De plus, on peut considérer que les tâches qui incombent au récipiendaire de l'allocation méritent une rétribution.
L'enjeu de cette allocation est importante et comporte à la fois un objectif social permettant de lutter contre la précarité et la pauvreté, et à la fois sociétal car elle contribue à l'émancipation individuelle chère aux socialistes. Elle doit également faire l'objet d'un contrat passé entre l'institution (celà peut être une collectivité locale) fournissant l'allocation et son bénéficiaire qui devra concourir à des tâches de nature publique et dont le volume horaire n'entravera pas son activité principale de formation ou de recherche d'emploi. Elle peut apparaître comme une réforme majeure d'un programme legislatif futur.
PS: Tout ce qui est contenu dans votre contribution me semble extrêmement raisonnable et va dans le bon sens, même si j'ai un léger doute sur le coût global de la mesure sur les emplois jeunes.
Rédigé par : guillaume | mercredi 22 avr 2009 à 10:01