Dans un peu
plus de deux semaines, nous voterons pour renouveler le Parlement européen. La campagne semble à peine prendre, une
majorité de Français expliquant qu’elle n’ira pas voter. Nous vivons une
campagne atone, qui profite à plein à la droite. Quel échec ! Car, si
contrairement à ce que répètent en boucle certains, les parlementaires
nationaux ne se contentent pas de transcrire les directives européennes en
droit national, les enjeux ne sont pas minces : il s’agit de choisir un
projet européen et il est faux de dire qu’une majorité de gauche ne changera
rien pour nous.
Nous
voterons sur l’orientation politique à donner à l’Europe. Les
socialistes ont eu tort d’engager leur campagne sur le thème du vote sanction.
Ils se sont vite repris, pour mettre en évidence les axes forts de leurs
propositions : d’abord, un plan de relance économique volontariste, qui
s’appuie sur l’investissement social et l’exigence écologique ; ensuite,
une ambition sociale affirmée, qui passe par une directive cadre sur les
services publics, la lutte contre le dumping social, la mise en oeuvre d’un
salaire minimum dans chaque pays ; enfin, le rappel que sans majorité de
gauche au Parlement européen, on ne pourra changer l’orientation libérale qui
préside aux destinées du continent.
La
présidence européenne de N. Sarkozy n’a pas été le succès que l’on veut nous
vendre.
Certes, le chef de l’Etat a fait preuve d’une grande maîtrise de la
communication, et d’une énergie sans faille, comme d’habitude. Mais c’est à
l’aune des résultats concrets qu’il convient de porter un jugement : la
guerre s’est bien arrêtée entre la Russie et la Géorgie, mais l’occupation
russe de provinces géorgiennes n’a pas été empêchée ; l’Europe n’a pas été capable, face au déferlement
de la crise, de concevoir une réponse commune et forte, le sauve qui peut
national l’emportant largement ; rompant avec sa politique précédente, la
France de N. Sarkozy a accepté que la durée maximale du travail soit portée
au-delà de 48 heures ; B. Hortefeux se félicite d’avoir négocié la
possibilité de retenir administrativement un étranger sans papiers jusqu’à 18
mois ; quant aux institutions de Bruxelles, elles ont été
marginalisées : mais qu’attendre d’autre de la part d’un Gouvernement qui
a choisi de sacrifier la défense européenne sur l’autel de la réintégration
dans le commandement militaire intégré de l’OTAN ?
Dans cet
affrontement frontal de projets, les socialistes sont injustement à la peine
alors que l’UMP apparaît bien isolée. Je le dis clairement : les
mauvais sondages pour le PS sont sans doute le reflet d’un jugement sévère sur
l’échec du congrès de Reims et nos divisions. On pourra revenir sur les erreurs
commises, mais plus tard : je n’ai aucune indulgence à l’égard des socialistes
qui, à quelques jours d’un scrutin important, préfèrent critiquer leur camp que
riposter à la droite. Mais il est faux de prétendre que la gauche serait à la
peine : l’UMP caracole bien en tête des intentions de vote, mais elle
rassemble sur son projet moins d’un électeur sur trois ! Même si les
sondages devaient devenir réalité –il reste deux semaines de campagne, encore,
et je crois que les socialistes doivent se fixer l’objectif d’arriver en
tête ! - il resterait que l’UMP
peut être en tête sans avoir de majorité dans le pays. A l’inverse, la gauche
peut être majoritaire en voix, sans parvenir à créer une dynamique de
rassemblement et de cohésion. On n’a pas assez relevé la proposition indécente
de Jean-Piere Raffarin, qui préconise d’en finir avec les scrutins à deux tours
pour ne garder qu’une élection couperet, à un tour ! Comment dire de
manière plus éloquente que l’UMP, privée de ressources pour un deuxième tour,
voudrait adapter le mode de scrutin à sa situation ? C’est choquant.
Etonnant que les réactions n’aient pas été plus vives. Au lendemain des
élections européennes, la France peut se retrouver avec une droite en tête mais minoritaire, une gauche émiettée mais
majoritaire. Il reste deux semaines de campagne : les dés ne sont pas
encore jetés !
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