Marisol Touraine a fait une déclaration à l'AFP, lundi 15 juin, au sujet de l'âge de départ à la retraite.
Marisol Touraine a fait une déclaration à l'AFP, lundi 15 juin, au sujet de l'âge de départ à la retraite.
Conseil national morose, hier soir. Lendemain de défaite, de débâcle, même. L'ampleur de l'échec a comme anesthésié les velléités putschistes de certains, l'heure n'est pas à l'affrontement, mais à l'analyse. Soudain, tout ce que, avec d'autres, j'avais mis en avant depuis des mois - l'absence de lisibilité de notre ligne politique, les faiblesses d'une direction éparpillée, l'insuffisance de débats ouverts entre nous, devant permettre de trancher notre position sur certaines questions difficiles, etc. - faisait consensus. Les commentateurs attendaient qu'on leur joue le remake de Petits meurtres entre amis, mais le sang n'a pas coulé.
Des changements importants sont nécessaires, vite. Je me réjouis de l'absence de violence, mais le PS ne peut se satisfaire de mesures en demi-teinte. Dès lundi, j'écrivais que ce parti devait « réagir ou subir ». Je me souviens d'avoir hésité : mon premier réflexe avait été d'écrire « réagir ou mourir ». D'autres ont été moins timorés et l'ont dit : un changement profond seul peut empêcher le PS de disparaître. Evidemment, ni la gauche ni le socialisme ne mourront, mais d'autres structures peuvent émerger : les radicaux, force centrale de la 1ère moitié du XXème siècle, pèsent désormais bien peu, la SFIO a dû laisser la place au Parti socialiste, après sa calamiteuse gestion des guerres coloniales. Mais son agonie aura duré une dizaine d'années...
J'aurais souhaité un discours plus musclé de la part de Martine Aubry. Elle n'a pas caché l'ampleur de l'échec et de nos responsabilités collectives. Elle a, je crois, pris la juste mesure des obstacles qui sont dressés sur la route de notre rénovation. Pourtant, elle a choisi de ne rien brusquer. Je suis persuadée qu'il faut un traitement de choc immédiat : changer très vite de mode de fonctionnement, pour pouvoir engager l'indispensable clarification idéologique. Le PS a besoin d'un pilote dans l'avion, d'une direction resserrée, de débats avec la société et les autres forces de gauche. Il faut ouvrir portes et fenêtres, provoquer les rencontres, retrouver le goût de l'imagination, oser tout simplement. Il ne suffit pas de « donner du temps au temps », on ne peut continuer « comme avant », il faut changer, beaucoup, et vite.
Nous devons engager une triple rénovation. D'abord, celle de notre mode de fonctionnement. La « gouvernance », comme ont dit maintenant, du PS a fait la preuve multiple de son inefficacité. Ce changement peut et doit intervenir très vite. J'attendais des propositions dès hier soir, il ne faut plus tarder. La deuxième rénovation est celle de notre préparation aux futures échéances, qui implique de décider du mode de désignation de notre futur(e) candidat(e) à l'élection présidentielle. Je suis plutôt favorable à la mise en place de primaires ouvertes aux sympathisants : je ne mésestime pas la difficulté que cela peut représenter pour un parti comme le nôtre, qui se veut parti de militants, mais il me paraît que c'est une condition nécessaire pour mieux prendre en compte les attentes des Français. En tout cas, nous devons en parler, ne rien éluder, et trancher.
Enfin, reste la rénovation des idées, la clarification politique. C'est évidemment la plus difficile, la plus importante aussi. Les Français qui ne se retrouvent pas dans la politique de N. Sarkozy, et ils sont nombreux, ont envie d'entendre autre chose qu'un discours d'opposition. La tâche est difficile car, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, c'est le socle d'idées de la social démocratie qui est en cause. Celle-ci a été la réponse apportée à la crise de 1929 ; il nous faut inventer l'antidote du XXIème siècle à la crise du capitalisme financier. Cela explique que, partout en Europe, les partis de gauche, quelle que soit leur dénomination -social démocrate, travailliste, socialiste – soient à la peine. En proposant un modèle de développement différent, les écologistes ont ouvert une piste, ce qui explique en partie leur succès électoral. Les chantiers sont vastes, il est temps de nous y attaquer !
Les
élections européennes ont permis à N. SARKOZY d’apparaître comme le gagnant de
la consultation. Pas de langue de bois : le Président de la
République sort conforté d’un scrutin qui n’aura pas mobilisé les Français, qui
attendaient sans doute …..qu’on leur parle davantage d’Europe !
Certes, on peut faire observer – et je l’avais moi-même annoncé – que la droite
est minoritaire, que la majorité des Français a fait un choix incompatible avec
la politique présidentielle ; c’est vrai, et pourtant, si elle n’a aucune
raison de triompher, si elle sait que demain il lui faudra trouver de nouveaux
soutiens, la droite aujourd’hui peut se réjouir de la division de ses
adversaires.
Car le PS
réalise un score catastrophique : là encore, il ne faut pas avoir peur
des mots. Des électeurs de gauche ont choisi d’envoyer un avertissement aux
socialistes ; je ne suis pas certaine que l’on puisse parler de vote
sanction ; en tout cas, il y eut abstention des électeurs socialistes, qui
ont choisi d’aller à la pêche ou de voter écolo. Les socialistes ont déçu.
Les
explications se bousculent : le manque de leadership, la division, l’échec
du congrès de Reims. Tout cela est juste, mais l’essentiel est
ailleurs : le Parti socialiste apparaît vieilli, en panne d’idées, sans
propositions d’avenir. Les erreurs de campagne ont été nombreuses : plutôt
que de parler d’Europe, les socialistes ont parlé de N. Sarkozy, accréditant
l’idée qu’ils n’avaient pas surmonté les divisions nées du déchirement de 2005 ;
leur programme a été diffusé tardivement, ils n’ont pas su donner corps à leur
vision d’une autre Europe ; la réconciliation entre les sœurs ennemies de
Reims est apparue trop tardive pour n’être pas factice, la liste est encore
longue. Est-il temps de l’établir ? En tout cas, elle ne peut être passée
sous silence, et l’on ne peut en rester à l’idée que « si c’était à
refaire, on ferait la même chose ! »
Le conseil
national de demain (mardi 9) doit apporter un sursaut. Il n’y
aurait aucun sens à demander le retrait
de Martine Aubry. Elle est, plus que d’autres, consciente des changements à
entreprendre. Il lui appartient de montrer fortement qu’elle veut les réaliser.
Le PS a besoin de se rénover en profondeur, en actes et pas seulement en
déclarations d’intentions. Il lui faut clarifier sa ligne, au lieu de toujours
hésiter entre la mauvaise conscience radicale et la pesanteur du réalisme
gouvernemental ; il lui faut comprendre les aspirations des
Français : à cet égard, je crois que les socialistes doivent comparer
sereinement les résultats de ces élections avec ceux du congrès de Reims :
je ne suis pas certaine, j’aurai l’occasion d’y revenir, que la gauchisation de
notre discours soit gage de succès !
Le PS doit
aussi changer son mode de fonctionnement, s’ouvrir sur la société. A
l’évidence, le congrès de Reims n’a permis ni direction resserrée, ni
orientation clarifiée. Cela n’intéresse pas l’opinion, mais le fonctionnement
interne du PS a besoin d’un grand coup de rafraîchissement : les méthodes
éprouvées des experts d’appareil ont montré leurs limites ! Les Français
attendent un discours nouveau, plus dynamique, plus positif : ils nous
reprochent, dans la crise, de n’avoir pas su défricher de nouvelles
perspectives ; ils attendent de nous un fonctionnement modernisé et
actif ; ils espèrent des socialistes un travail collectif plutôt que
l’affirmation des ambitions personnelles. Ne nous y trompons pas : nous
avons perdu beaucoup de temps, déjà depuis 2002. Il nous faut choisir :
réagir ou subir ! La responsabilité de Martine Aubry est grande :
mettre la rénovation en mouvement.
Marisol Touraine était, samedi 30 mai, au tournoi de football organisé par l'A.S. Monts.
Cliquez ici pour lire l'article de Jean-Claude Domenger paru dans La Nouvelle République.
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