La vague de suicides à France Télécom révèle la montée de la souffrance au travail. Au nom du groupe socialiste, Marisol Touraine a demandé la création d'une mission d'information parlementaire sur les risques psycho-sociaux au travail.
Malgré une tentative de l'UMP de s'y opposer, la création de cette mission, rassemblant des députés de tous les groupes politiques, a été décidée. Sa première réunion aura lieu le mercredi 4 novembre. Marisol Touraine en sera la présidente.
Au-delà de la situation de France Télécom, Marisol Touraine entend permettre la prise en compte de tous les risques de souffrances et de troubles psycho sociaux dans le monde professionnel. Elle exprime d'ores et déjà la volonté que les travaux de la mission permettent de déboucher sur des mesures législatives fortes.
Bonjour Madame Touraine,
En parcourant votre Blog après la lecture d’un article paru sur le journal « 20 minutes » qui évoquait les risques psycho-sociaux dans les entreprises, nous nous sommes réjouis de la création d’une mission parlementaire que vous allez présider sur le sujet. En effet, le monde politique joue pleinement son rôle à travers des travaux tels que les vôtres qui font le lien entre l’entreprise et la vie quotidienne. Nous sommes d’autant plus enthousiastes de vous voir impliquée dans ce dossier que nous connaissons la sincérité de vos engagements dans les questions sociales et de santé.
Au sujet des risques psycho-sociaux, du stress au travail ou de la vague de suicides dans les entreprises, les médias donnent, actuellement, la parole à divers professionnels tels que les médecins au travail, les psychothérapeutes ou les DRH. Nous n’avons encore jamais entendu un hygiéniste du travail interviewé. Or il est lui-même un professionnel de la santé au travail, au contact quotidien avec les principales victimes du stress dans l’entreprise, lui aussi soumis souvent à des contraintes fortes ou à des conflits entre sa mission de défense du personnel et les demandes de sa hiérarchie. A ce titre, il a, nous semble-t-il, une légitimité à s’exprimer sur le sujet. Son point de vue, de l’intérieur des entreprises contrairement aux autres experts, pourrait apporter un éclairage très intéressant.
Il est apparu, au travers d’un travail mené par le Professeur William Dab sur l’enseignement de la prévention des risques dans les écoles de cadre en France, des lacunes importantes dans ce domaine. Comme vous le savez, celui-ci a conduit à la création, officialisée en septembre dernier, du Réseau francophone de formation en santé au travail, dont un des principaux objectifs est de faire connaitre et mettre en œuvre le référentiel de compétences en santé au travail pour les futurs cadres.
Nous sommes quatre hygiénistes du travail œuvrant dans des domaines différents et qui ont mis en commun leurs sensibilités pour écrire un article (paru dans le numéro 107 de la revue « Préventique » d’Octobre 2009) sur les « les enjeux et les leviers d’une culture de prévention ». Les hygiénistes que nous sommes, parfois dénommés « préventeurs » ou « animateurs sécurité » au sein des entreprises sont régis par un code d’éthique éditée par L’IOHA (international occupational hygiene association) et repris par la SOFHYT (société française des hygiénistes du travail). Le but de nos actions dans les entreprises est la prévention des risques pour le personnel, qu’il s’agisse de risques physiques, chimiques ou mentaux. Notre recherche nous pousse à tendre vers la notion de bien-être au travail.
Dans notre article, nous avons cherché à démontrer qu’une des clés est bel et bien le développement et le glissement dans nos comportements de la prévention au quotidien. C’est vrai dans la vie professionnelle comme dans la vie de tous les jours. Ce que nous proposons c’est que l’entreprise soit capable de prendre soin d’elle-même, et surtout en comprenne la nécessité.
Nous serions très honorés de vous communiquer une copie de cette publication pour, nous l’espérons, vous apporter, au moins sous cette forme, notre concours à votre réflexion. Si vous le jugiez opportun, nous sommes bien évidemment prêts à venir parler de nos recherches lors d’un de vos ateliers.
Dans l’attente de votre prochaine réponse, nous vous remercions par avance de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ce courrier, et vous prions d’agréer, Madame Touraine, l’expression de nos sentiments distingués.
Amélie GARNIER, Emilien CHERENCE, Olivier MARTIN, Thierry PARLANT
Rédigé par : Thierry Parlant | jeudi 12 nov 2009 à 20:14