La victoire est belle, pourquoi ne pas le dire ? La gauche que l’on disait morte il y a quelques mois à peine a remporté haut la main les élections régionales. Les résultats sont clairs, au point que la droite, après s’être livrée au soir du premier tour à un exercice de langue de bois ridicule a concédé hier soir sa défaite. En tout cas au niveau national, puisque dans la région Centre H. Novelli ne digère à l’évidence pas son score. Il n’a rien trouvé de mieux à dire que l’élection de F. Bonneau était « illégitime », au motif que la victoire était acquise au terme d’une triangulaire. C’est lamentable, peu digne et révélateur d’un tempérament. Médiocre. Comme son tract d’entre-deux tours assimilant l’alliance « rose-vert-rouge » au « marron ». Comme les chemises brunes de sinistre mémoire ? Médiocre, disais-je. De cette médiocrité qui colle à la peau pour longtemps.
Cette victoire est l’amorce d’un processus. Tout le monde pense à 2012, c’est légitime. Si la droite avait gagné, N. Sarkozy se serait d’emblée lancé vers l’élection présidentielle. Son projet est contrarié. Pour la gauche, tout paraît désormais possible sans que rien soit assuré. Je l’ai déjà écrit, le chemin reste à inventer. Mais l’entre-deux tours a été exemplaire : j’ai rencontré des électeurs heureux de l’accord conclu entre le PS, Europe Ecologie et le Front de Gauche. Après des années de division, enfin le signe d’un rassemblement, d’une reconstruction était donné ! Rien n’ira de soi, mais l’échec n’est plus une fatalité.
L’attente des électeurs face à la gauche est immense. La preuve a été faite que les démons de la division pouvaient être terrassés. Il nous reste à avancer sur le terrain du projet, de manière ambitieuse et réaliste à la fois, en proposant d’autres perspectives que celles de la droite sans pour autant sombrer dans les travers de la surenchère sociale. Le débat sur les retraites sera décisif : ce que propose la droite est inacceptable, qui exige des efforts toujours accrus des salariés les plus simples ; la gauche ne peut repousser la nécessité d’une consolidation de notre système de retraite ; elle doit exiger qu’il se fasse selon des principes justes.
Mais N. Sarkozy doit tirer les leçons du scrutin. Le mini remaniement qu’il a effectué n’est pas en soi une réponse. Xavier Darcos, éconduit du gouvernement, paie pour la droite tout entière. Peu présent comme ministre des affaires sociales, il n’a pour autant pas plus démérité que beaucoup de ses collègues et n’est responsable ni du bouclier fiscal, ni de la taxe carbone, ni du soutien inconditionnel aux grands patrons du CAC 40 ! Les Français attendent un changement de politique, pas quelques ajustements de casting. Le message du Président de la République est simple : il ne changera rien. Ce n’est pas bon pour la démocratie.
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