Cliquez ici pour lire le communiqué de presse du Parti socialiste qui proteste contre le caractère fallacieux de ces comparaisons.
Brèves
remarques.
Je m’aperçois que j’ai laissé passer du temps avant de réagir à l’actualité,
pourtant importante, des derniers jours. Une part de fatigue, sans doute, qui
tient à une année parlementaire longue et chargée, qui n’est pas encore
terminée puisque le mois de juillet va être occupé notamment par les lois sur
le travail du dimanche, la formation professionnelle, Hadopi,….Nous allons
appliquer désormais le nouveau règlement de l’Assemblée : du côté pile
(positif), le rôle accru des commissions, puisque c’est le texte amendé par les
députés en amont qui arrivera en séance ; côté face (négatif)
l’encadrement du temps de parole, selon des règles assez compliquées. A suivre,
donc…
Versailles. Le Congrès
de la semaine dernière a déployé les fastes dont la République est capable.
Ambiance calme, à la limite de l’ennui, pour accueillir le premier discours du
Président de la République aux parlementaires. Etonnant de voir Carla Bruni et
les conseillers de son mari applaudir le Président : en temps normal, le
public qui assiste aux séances est tenu de ne manifester ni approbation ni
réprobation.
Discours
décevant.
Quelques phrases rassembleuses ont montré que N. Sarkozy entendait renouer avec
la veine faussement consensuelle de sa campagne, lorsqu’il en appelait à Jaurès
et Blum. Mais très vite, le doute s’est installé : tout ça pour ça ?
Ce faste, cette réforme de la Constitution n’aboutissaient donc qu’à l’annonce
sans éclat d’un grand emprunt ? Emprunt de qui, pour quoi faire ?
Mystère. Je n’ai pas la religion de la
rigueur budgétaire, mais il est assez étonnant de voir comment, par la magie
d’une vague théorie des trois déficits (le mauvais, celui du fonctionnement de
l’Etat, le transitoire, dû à la crise, le bon, qui prépare l’avenir) N. Sarkozy
nous a annoncé de nouvelles dépenses, non budgétées. Emprunt ou pas, il faudra
les rembourser. Comment mieux reconnaître l’échec du plan de relance
annoncé il y a quelques mois à peine….De fait, sa concrétisation tarde et les
grands projets annoncés par le Gouvernement n’entraînent pas la
croissance : l’exemple de la LGV, bien connu des Tourangeaux, en témoigne.
Non seulement ce projet ancien a été relooké « plan de relance »,
mais il n’est pas financé, l’Etat cherchant à impliquer les collectivités
locales dans ce qui est par excellence de la responsabilité nationale, au point
que certains s’interrogent sur son avenir. Notre économie avait besoin
d’investissements massifs ; le Gouvernement, espérant sans doute une
reprise rapide, a préféré limiter les dépenses. Il en est aujourd’hui réduit à
annoncer un emprunt qui inquiète ses propres soutiens.
Agressivité. Débat
aujourd’hui face à Claude Greff, députée UMP de l’Indre-et-Loire. D’une
agressivité sidérante, comme souvent. Pour masquer son manque d’idées
personnelles ? Je suis rarement déçue par mes adversaires politiques,
toujours prête à leur reconnaître des qualités, lorsqu’ils en ont. Encore
faut-il qu’ils en aient…
Gracias a la
vida…La
chanson est célébrissime, au Chili, et ailleurs (elle a été reprise par Joan
Baez, entre autres). Son auteure-interprète, Violeta Parra, est une icône dans
ce pays, et au-delà, en Amérique Latine. « Merci à la vie, qui m’a tant
donné », chantait-elle, de sa voix d’une limpidité parfaite, accompagnée
de sa seule guitare, elle qui pourtant mit fin à ses jours à cinquante ans
seulement, après plusieurs tentatives de suicide. Gracias a la vida, cette chanson a bercé mon enfance, Jean-Gérard
Paumier l’a diffusée lors de l’inauguration, samedi dernier, du festival des
horizons, à Saint-Avertin. Je ne m’y attendais pas. J’ai été émue, oui,
d’entendre cette musique qui faisait resurgir tant de souvenirs du pays de
ma mère, tant de souvenirs d’enfance.
Une jolie parenthèse…
Marisol Touraine sera l'invitée, mardi 30 juin à 16 h 00, de "La séance continue" sur La Chaîne Parlementaire.
L'émission est diffusée sur le réseau TNT et sur le site internet de la chaîne ici.
Les résultats du scrutin du 7 juin ont donné
des ailes à Nicolas Sarkozy, qui veut interpréter comme un blanc-seing donné à
son action ce qui ressemble plutôt à la consolidation de son électorat. Je l’ai
déjà écrit : je n’ai pas l’intention de nier le succès électoral du
Président de la République et de son camp ; succès confirmé ailleurs en
Europe puisque partout, ou presque, les sociaux-démocrates subissent un grave
échec. Mais je ne crois pas qu’il faille lire dans ces résultats une approbation
de la politique menée en France.
Versailles. Premier signe
tangible de l’assurance sarkozyenne, la réunion du Congrès, comme l’autorise la
Constitution adoptée en juillet 2008. Députés et sénateurs sont convoqués pour
entendre le Président. Il aurait été selon moi absurde de ne pas y aller :
la Constitution, qu’elle plaise ou non, s’impose à tous et d’abord aux
parlementaires. Mais on voit bien là les limites de l’exercice de
renouvellement démocratique que prétendait engager la droite : un Parlement
muet va écouter un Président libre de ses paroles et non contraint d’engager
une quelconque responsabilité. La faille est bien celle-ci : le Président
français cumule les avantages de tous les systèmes institutionnels (il exerce
le pouvoir exécutif, s’adresse au Parlement mais n’engage sa responsabilité que
devant les électeurs) sans en subir les contraintes (aux Etats-Unis le Congrès
à majorité démocrate a bloqué les décisions de B. Obama sur Guantanamo il y a
quelques semaines). Le débat n’est pas théorique, il est très concret :
l’indépendance du Parlement est la contre-partie nécessaire au pouvoir du
Président de la République. Or, nous en sommes loin…
Retraite
à 70 ans.
Oui, il faudra engager une réforme active de notre système de protection sociale,
qui en garantisse le socle, c’est à dire la solidarité face à la maladie ou la
vieillesse. Oui, je crois que la retraite à 60 ans, pilier symbolique de notre
pacte social, peut être discutée : d’abord parce qu’il ne saurait y avoir
de sujet tabou ; ensuite parce que cette référence est en partie
contournée aujourd’hui. Fallait-il pour autant, comme l’a fait Brice Hortefeux
dès le lendemain des élections européennes, proposer le report de l’âge légal
de départ en retraite à 67 ans ? Non, pas maintenant, pas comme ça.
D’abord parce que le sujet du moment est la montée pernicieuse du chômage, la
multiplication des plans sociaux, et la tentative de substituer aux
licenciements des plans de départ en retraite anticipée. Comme chez Michelin, à
Joué-les-Tours. Comment expliquer qu’il va falloir travailler plus longtemps au
moment même où le travail se fait rare, où les entreprises multiplient les
plans de départs volontaires à destination des plus anciens et, de toute façon,
ne gardent pas leurs seniors puisque 37% seulement des plus de 55 ans occupent
un emploi ? Ensuite, l’avenir n’est pas à appliquer la même règle à
tous : il est temps, plus que temps de légiférer en matière de pénibilité
du travail. Les négociations entre partenaires sociaux ont échoué, le Gouvernement
a promis une loi, il y a plus d’un an. Qui ne vient toujours pas. Or il faudra
bien se résoudre à faire travailler moins longtemps ceux dont l’emploi est
pénible. Enfin, le financement des retraites passe par une contribution de TOUS
les revenus à notre système de protection sociale : on ne redira jamais
assez combien le bouclier fiscal est injuste, qui exonère les plus riches non
seulement de l’impôt mais de la solidarité sociale.
Burqa. Une mission
parlementaire devrait se mettre en place, à l’initiative d’un député communiste
du Rhône. Faut-il interdire le port de cette robe noire
« intégrale », qui ne laisse voir que les yeux ? Le sujet divise
au sein même de chaque famille politique. Pour la part, je suis prudente :
la laïcité n’est pas négociable, et la loi dite du voile, de 2004, a permis
d’apaiser les tensions grandissantes à ce sujet dans les écoles. Faut-il aller
au-delà ? On voit qu’il s’agit alors d’intervenir dans le choix de
l’habillement. Je n’ai aucune complaisance à l’égard de cet islam
intransigeant, qui enferme les femmes et s’affirme comme une force militante
dans l’espace public. Mais soyons prudents : toutes les femmes doivent
pouvoir compter sur la République pour refuser ce qui leur serait imposé ;
mais à trop vouloir intervenir, ne prend-on pas le risque de l’enfermement pour
de bon de ces femmes, qui, ne pouvant plus sortir voilées ne pourraient plus
sortir du tout ? Je le répète : je n’ai aucune indulgence pour cette
revendication agressive de la religion ; je me sens mal à l’aise lorsque
je croise l’une de ces ombres noires, gantées jusqu’en plein été. Je voudrais
seulement être certaine qu’en leur interdisant de sortir ainsi nous les aidons
vraiment. Le débat est en tout cas salutaire.
Marisol Touraine a fait une déclaration à l'AFP, lundi 15 juin, au sujet de l'âge de départ à la retraite.
Les
élections européennes ont permis à N. SARKOZY d’apparaître comme le gagnant de
la consultation. Pas de langue de bois : le Président de la
République sort conforté d’un scrutin qui n’aura pas mobilisé les Français, qui
attendaient sans doute …..qu’on leur parle davantage d’Europe !
Certes, on peut faire observer – et je l’avais moi-même annoncé – que la droite
est minoritaire, que la majorité des Français a fait un choix incompatible avec
la politique présidentielle ; c’est vrai, et pourtant, si elle n’a aucune
raison de triompher, si elle sait que demain il lui faudra trouver de nouveaux
soutiens, la droite aujourd’hui peut se réjouir de la division de ses
adversaires.
Car le PS
réalise un score catastrophique : là encore, il ne faut pas avoir peur
des mots. Des électeurs de gauche ont choisi d’envoyer un avertissement aux
socialistes ; je ne suis pas certaine que l’on puisse parler de vote
sanction ; en tout cas, il y eut abstention des électeurs socialistes, qui
ont choisi d’aller à la pêche ou de voter écolo. Les socialistes ont déçu.
Les
explications se bousculent : le manque de leadership, la division, l’échec
du congrès de Reims. Tout cela est juste, mais l’essentiel est
ailleurs : le Parti socialiste apparaît vieilli, en panne d’idées, sans
propositions d’avenir. Les erreurs de campagne ont été nombreuses : plutôt
que de parler d’Europe, les socialistes ont parlé de N. Sarkozy, accréditant
l’idée qu’ils n’avaient pas surmonté les divisions nées du déchirement de 2005 ;
leur programme a été diffusé tardivement, ils n’ont pas su donner corps à leur
vision d’une autre Europe ; la réconciliation entre les sœurs ennemies de
Reims est apparue trop tardive pour n’être pas factice, la liste est encore
longue. Est-il temps de l’établir ? En tout cas, elle ne peut être passée
sous silence, et l’on ne peut en rester à l’idée que « si c’était à
refaire, on ferait la même chose ! »
Le conseil
national de demain (mardi 9) doit apporter un sursaut. Il n’y
aurait aucun sens à demander le retrait
de Martine Aubry. Elle est, plus que d’autres, consciente des changements à
entreprendre. Il lui appartient de montrer fortement qu’elle veut les réaliser.
Le PS a besoin de se rénover en profondeur, en actes et pas seulement en
déclarations d’intentions. Il lui faut clarifier sa ligne, au lieu de toujours
hésiter entre la mauvaise conscience radicale et la pesanteur du réalisme
gouvernemental ; il lui faut comprendre les aspirations des
Français : à cet égard, je crois que les socialistes doivent comparer
sereinement les résultats de ces élections avec ceux du congrès de Reims :
je ne suis pas certaine, j’aurai l’occasion d’y revenir, que la gauchisation de
notre discours soit gage de succès !
Le PS doit
aussi changer son mode de fonctionnement, s’ouvrir sur la société. A
l’évidence, le congrès de Reims n’a permis ni direction resserrée, ni
orientation clarifiée. Cela n’intéresse pas l’opinion, mais le fonctionnement
interne du PS a besoin d’un grand coup de rafraîchissement : les méthodes
éprouvées des experts d’appareil ont montré leurs limites ! Les Français
attendent un discours nouveau, plus dynamique, plus positif : ils nous
reprochent, dans la crise, de n’avoir pas su défricher de nouvelles
perspectives ; ils attendent de nous un fonctionnement modernisé et
actif ; ils espèrent des socialistes un travail collectif plutôt que
l’affirmation des ambitions personnelles. Ne nous y trompons pas : nous
avons perdu beaucoup de temps, déjà depuis 2002. Il nous faut choisir :
réagir ou subir ! La responsabilité de Martine Aubry est grande :
mettre la rénovation en mouvement.
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