L'éducation nationale est soumise à de fortes tensions, entre
réductions d'effectifs qui vont d'abord affecter les élèves les plus en
difficulté, avec notamment la suppression des RASED, et remise en cause
du travail effectué par les associations partenaires. la question des
moyens n'est évidemment pas la seule à poser ; mais il est frappant que
ce soit la seule que mette en avant le Gouvernement, avec une logique
comptable qui ne tient compte ni des réalités culturelles et sociales
locales, ni de la nécessité, parfois, de prendre des chemins détournés
pour mieux apprendre. La période est sensible, puisqu'il s'agit de la
préparation de la rentrée prochaine, avec son lot de fermetures de
classes (plus rarement d'ouvertures), de redéploiement de postes. Un
bon exemple : celui de Saint-Pierre de Corps, qui a fait réagir Jean-Marc PICHON, adjoint aux affaires scolaires dans cette ville. J'ai trouvé sa réaction suffisamment éclairante pour
avoir envie, avec son accord, de vous la faire partager.
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Carte scolaire : l’utile et l’indispensable
Ces deux mots expriment la
politique de carte scolaire de Xavier Darcos. On garde ce qui est indispensable
et on ferme ce qui est utile. On pourrait s’attendre à de tels propos dans la
bouche du commandant d’un navire qu’on abandonne. On a peine à concevoir que
l’on puisse appliquer au monde de l’école l’idéologie du radeau de la méduse.
Pour affronter le gros temps il faut un bon équipage et un bon navire, c’est
indispensable.
La suppression du poste
d’animation lecture à St Pierre des Corps a quelque chose de la culture
hors-sol. On s’accorde à dire qu’un des grands écueils de l’apprentissage de la
lecture est que pour beaucoup d’enfants elle est avant tout un objet scolaire
sans saveur, sans signification personnelle. S’il fallait s’arrêter sur l’un
des objectifs poursuivis par l’animation lecture sur la commune de St Pierre
des corps ce serait celui là : faire des livres des objets vivants, écrits
par des femmes et des hommes que l’on peut rencontrer, avec qui on peut
échanger. Ce n’est pas un supplément d’âme, c’est tout simplement mettre en
acte un projet pédagogique ambitieux. Supprimer ou amputer ce poste c’est se couper du sol nourricier
indispensable à l’apprentissage de la lecture : le plaisir de lire. C’est
cantonner l’abord de l’écrit à un pur acte technique, hors sol. Conserver ce
poste c’est indispensable.
Le gouvernement est-il encore
ambitieux ? Il faut bien répondre par la négative car sur d’autres
dispositifs la cote est mal taillée. Un poste sur l’école élémentaire
république est gelé, une ouverture sur
l’école élémentaire Marceau ne serait envisagée que par transfert d’un autre
poste. Les ZEP initiées en 1981 par Alain Savary, ministre socialiste de
l’éducation nationale, avaient pour ambition de donner plus à ceux qui avaient
besoin de plus. En 2009, sous le gouvernement de François Fillon il faut faire
moins, sans discernement. Comme dans tant d’autres domaines le gouvernement
abandonne toute volonté collective. La réforme, selon Sarkozy, c’est le laisser
aller. Pour nous la volonté publique c’est indispensable.
Il nous faut retrouver une
ambition collective. Dire que supprimer ces postes là c’est une amputation, que
c’est rendre un service public de moindre qualité car les conditions pour
l’atteindre ne sont pas réunies. Nous devons proposer des mesures ambitieuses,
innovantes. Il nous faut porter des projets formateurs et à la hauteur des
enjeux. Pour cela il faut garder ces postes ouverts, ce n’est pas suffisant
mais c’est indispensable
Dans cette période de difficultés
profondes il est indispensable d’investir avec ambition pour ceux qui
feront le pays de demain : c’est
plus qu’utile, c’est indispensable !
Jean-Marc Pichon
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