La politique française est dominée par la tentation de la dispersion. L’inconstance des choix gouvernementaux signe une incohérence de fond : ce qui hier encore était intouchable est désormais amendable. On se souvient de N. Sarkozy annonçant bizarrement qu’il allait désormais « délégiférer ». On avait compris qu’il promettait moins de lois ; erreur, il y en a toujours autant, mais elles consistent à défaire celles votées au début du quinquennat. On ne reviendra pas sur l’empilement ahurissant de textes sur la sécurité ou sur le détricotage en règle du fameux paquet fiscal de l’été 2007, qui aura coûté la bagatelle de 25 milliards d’euros, en pleine tourmente budgétaire et sociale : envolé, le bouclier fiscal conçu pour les amis du Fouquet’s, qui se consoleront néanmoins avec la diminution spectaculaire de l’impôt sur la fortune ; oubliée l’exonération fiscale des intérêts d’emprunts pour l’achat d’une résidence principale. La loi Hadopi, qui devait protéger le piratage des œuvres sur internet, serait finalement inadaptée. Le Sarkozy libéral de 2007 s’est voulu en 2009 grand régulateur du capitalisme, il n’est finalement plus rien, allant dans le sens présumé de l’opinion du moment.
Tant de revirements donnent le tournis, et c’est cela que reprochent les Français au président : avec lui, on ne sait pas où on va, la politique n’est ni un grand dessein ni une promesse de destin, elle en est réduite au marketing et aux instituts de sondage. Ce que veulent les Français, le président le leur promettra. Mais la ficelle est un peu grosse, notre pays attend d’être dirigé pas manipulé. Alors, déjà battu, Nicolas Sarkozy ? L’affaire se présente mal pour lui, mais la gauche aurait tort de sous-estimer l’adversaire, qui fera tout pour être le seul candidat de son camp. Les socialistes ont une responsabilité majeure : ne pas décevoir les attentes du pays, en cédant à leur tour à la tentation de la dispersion. Les résultats de l’extrême-droite sont préoccupants, il ne suffit pas de diaboliser M. Le Pen, il faut apporter des réponses concrètes aux besoins de ceux qui se sentent oubliés. C’est cela que les socialistes doivent avoir en tête, alors que certains esprits commencent à s’échauffer dans la perspective des primaires. De la solidité dans l’action plutôt que de la fébrilité dans la compétition, voilà ce qui s’impose. Et qui explique, assurément, que DSK apparaisse de très loin le plus crédible et le plus sérieux pour 2012.
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