Le
1er tour a réservé son lot de surprises.
De bonnes et de moins bonnes. La poussée forte des socialistes, si
elle n'était pas inattendue, a pu surprendre par son ampleur,
puisque le PS est devenu le premier parti politique de France
dimanche dernier. Le sentiment d'une confiance retrouvée s'est
trouvé vérifié. Au rayon des mauvais résultats figure
incontestablement la remontée du Front national : la victoire de N.
Sarkozy en 2007 était en partie due à sa capacité de ramener
l'électorat frontiste vers la droite parlementaire ; deux ans de
promesses non tenues et de débats dangereux sur l'identité
nationale et l'insécurité ont permis au parti de J.M. Le Pen et
fille de prospérer à nouveau. C'est sans aucun doute possible une
mauvaise nouvelle.
L'abstention
oblige à réfléchir à la manière dont les Français considèrent
la politique et les élus. J'ai
déjà eu l'occasion de dire mon inquiétude face à la montée de la
défiance à l'égard de l'action publique, qui alimente le
populisme. Le sentiment laissé d'une impuissance accrue face à la
mondialisation et au pouvoir économique fait prospérer le
désintérêt et l'agressivité. Les rodomontades de N. Sarkozy
expliquant qu'il allait refonder le capitalisme et sauver les
entreprises françaises alors que tout, dans son action, montrait le
contraire, depuis le salaire d'H. Proglio et la distribution de bonus
faramineux par les banques jusqu'à la capitulation française à
Bruxelles sur la politique agricole commune, ces rodomontades donc
ont favorisé l'abstention. Les premières études montrent
d'ailleurs que celle-ci atteint d'abord l'électorat de l'UMP.
La
droite n'est pas crédible lorsqu'elle explique que l'abstention
efface la victoire socialiste de dimanche dernier.
D'abord parce que cette abstention est en partie l'expression d'une
défiance à son endroit. Ensuite parce que c'est s'exprimer dans la
langue de bois la plus archaïque que de prétendre que la droite n'a
pas essuyé un avertissement sévère. Pour ma part, je crois que le
brouillage du message de la majorité ces derniers mois s'est payé
au prix fort. Quel est le cap gouvernemental ? Quelles sont ses
priorités ministérielles ? N. Sarkozy, en annonçant une pause dans
les réformes pour l'année prochaine, a achevé de désorienter son
électorat : le réformateur aux mots si durs pour son prédécesseur
se chiraquiserait donc...Et si ses réformes étaient si bonnes,
pourquoi les remettre sur le métier pour les modifier, comme il le
dit ? S'il faut les revoir, c'est peut-être qu'elles sont mauvaises,
et alors pourquoi attendre 2011 pour les reprendre ? L'échec de
dimanche est celui d'une droite étriquée, sans réserves pour le
deuxième tour, il est celui d'une politique sans fil conducteur ; il
est aussi celui d'un homme, N. Sarkozy, qui avait fait de sa personne
le meilleur argument de vente de la droite depuis 2007.
La
gauche, en regard, se porte bien
: les socialistes ont repris des couleurs ; les verts, même si leur
score n'atteint pas les niveaux espérés par eux, consolident leur
place dans le paysage national ; le Front de Gauche fait un score
intéressant. La stratégie de l'extrême gauche, refusant par
principe toute alliance politique avec le PS, trouve ses limites :
les électeurs ne se contentent pas de slogans, ils veulent que l'on
agisse, concrètement, pour eux. Pour autant, rien ne serait plus
dangereux que de projeter ces résultats sur la prochaine
présidentielle. N. Sarkozy a du ressort, même s'il lui reste peu de
temps, la gauche devra poursuivre son entreprise de rassemblement et
réussir son travail programmatique. Mais, assurément, le score
atteint constitue un socle solide pour avancer dans les prochains
mois.
A
condition de transformer l'essai dimanche prochain.
La gauche, assurée d'une large victoire, peut se démobiliser ; la
droite, ayant adressé un message de forte insatisfaction, peut se
redresser. Avec, à la clé, un ou deux points gagnés ou perdus ici
ou là. Pour ma part, j'aborde le second tout avec confiance et
sérénité. Chaque tour a sa logique et son importance, les
Français ont dit fortement qu'ils voulaient un changement de pied. A
ce jour, la seule réponse a consisté à nier l'avertissement, à
refuser tout changement de politique, à multiplier les dénis.
Pourquoi l'électorat n'irait-il pas au bout de ce vote sanction ? En
tout cas, il faut continuer, encore et encore, de faire campagne.
C'est ce à quoi je vais m'employer cette semaine pour faire gagner
la liste de François BONNEAU dans le département.
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