Conseil national morose, hier soir.
Lendemain de défaite, de débâcle, même.
L'ampleur de l'échec a comme anesthésié les
velléités putschistes de certains, l'heure n'est pas à
l'affrontement, mais à l'analyse. Soudain, tout ce que, avec
d'autres, j'avais mis en avant depuis des mois - l'absence de
lisibilité de notre ligne politique, les faiblesses d'une
direction éparpillée, l'insuffisance de débats
ouverts entre nous, devant permettre de trancher notre position sur
certaines questions difficiles, etc. - faisait consensus. Les
commentateurs attendaient qu'on leur joue le remake de Petits
meurtres entre amis, mais le sang n'a pas coulé.
Des changements importants sont
nécessaires, vite. Je me réjouis de l'absence de
violence, mais le PS ne peut se satisfaire de mesures en demi-teinte.
Dès lundi, j'écrivais que ce parti devait « réagir
ou subir ». Je me souviens d'avoir hésité :
mon premier réflexe avait été d'écrire
« réagir ou mourir ». D'autres ont été
moins timorés et l'ont dit : un changement profond seul peut
empêcher le PS de disparaître. Evidemment, ni la gauche
ni le socialisme ne mourront, mais d'autres structures peuvent
émerger : les radicaux, force centrale de la 1ère
moitié du XXème siècle, pèsent désormais
bien peu, la SFIO a dû laisser la place au Parti socialiste,
après sa calamiteuse gestion des guerres coloniales. Mais son
agonie aura duré une dizaine d'années...
J'aurais souhaité un discours
plus musclé de la part de Martine Aubry. Elle n'a pas caché
l'ampleur de l'échec et de nos responsabilités
collectives. Elle a, je crois, pris la juste mesure des obstacles qui
sont dressés sur la route de notre rénovation.
Pourtant, elle a choisi de ne rien brusquer. Je suis persuadée
qu'il faut un traitement de choc immédiat : changer très
vite de mode de fonctionnement, pour pouvoir engager l'indispensable
clarification idéologique. Le PS a besoin d'un pilote dans
l'avion, d'une direction resserrée, de débats avec la
société et les autres forces de gauche. Il faut ouvrir
portes et fenêtres, provoquer les rencontres, retrouver le goût
de l'imagination, oser tout simplement. Il ne suffit pas de « donner
du temps au temps », on ne peut continuer « comme
avant », il faut changer, beaucoup, et vite.
Nous devons engager une triple
rénovation. D'abord, celle de notre mode de fonctionnement. La
« gouvernance », comme ont dit maintenant, du
PS a fait la preuve multiple de son inefficacité. Ce
changement peut et doit intervenir très vite. J'attendais des
propositions dès hier soir, il ne faut plus tarder. La
deuxième rénovation est celle de notre préparation
aux futures échéances, qui implique de décider
du mode de désignation de notre futur(e) candidat(e) à
l'élection présidentielle. Je suis plutôt
favorable à la mise en place de primaires ouvertes aux
sympathisants : je ne mésestime pas la difficulté que
cela peut représenter pour un parti comme le nôtre, qui
se veut parti de militants, mais il me paraît que c'est une
condition nécessaire pour mieux prendre en compte les attentes
des Français. En tout cas, nous devons en parler, ne rien
éluder, et trancher.
Enfin, reste la rénovation des
idées, la clarification politique. C'est évidemment la
plus difficile, la plus importante aussi. Les Français qui ne
se retrouvent pas dans la politique de N. Sarkozy, et ils sont
nombreux, ont envie d'entendre autre chose qu'un discours
d'opposition. La tâche est difficile car, j'ai déjà
eu l'occasion de le dire, c'est le socle d'idées de la social
démocratie qui est en cause. Celle-ci a été la
réponse apportée à la crise de 1929 ; il nous
faut inventer l'antidote du XXIème siècle à la
crise du capitalisme financier. Cela explique que, partout en Europe,
les partis de gauche, quelle que soit leur dénomination
-social démocrate, travailliste, socialiste – soient à
la peine. En proposant un modèle de développement
différent, les écologistes ont ouvert une piste, ce qui
explique en partie leur succès électoral. Les chantiers
sont vastes, il est temps de nous y attaquer !
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