Hier soir, les députés ont
auditionné R. Bachelot sur la politique suivie face à la grippe A. Audition de
21 heures à minuit, au même moment que les vœux du président de l’Assemblée
nationale : ce n’était pas la foule des grands jours, certes, mais il y avait suffisamment de députés aguerris
pour titiller la ministre. J’en étais.
Je n’attendais pas grand chose, la déception n’est donc pas au
rendez-vous. Mais l’exercice, convenu en diable, n’a apporté aucun nouvel éclairage sur la manière dont a été
gérée cette crise.
Car enfin, s’il fallait
évidemment se préparer au pire, c’est, de l’aveu même du gouvernement,
l’incertitude qui prévalait : pourquoi alors ne pas avoir prévu un
dispositif évolutif, et en particulier
n’avoir pas négocié avec les labos la possibilité d’adapter les achats de
vaccins en fonction de la progession de la pandémie ? La ministre, droite
dans ses bottes, a affirmé que la campagne de vaccination n’est pas un échec
mais attaque tête baissée l’opposition à qui elle impute la responsabilité du
faible nombre de vaccinés ! C’est un peu fort, risible à défaut d’être
crédible, et surtout contradictoire. De la même manière, avec une agressivité
de taureau blessé, R. Bachelot a répété que si c’était à refaire, elle referait
tout à l’identique : bel exercice d’auto satisfaction que vient cependant
désavouer la décision de permettre enfin
aux généralistes de vacciner. Si tout était parfait, pourquoi changer ?
Quant à la volonté de vacciner toute la population, désavouée par la majorité
des spécialistes, elle n’aura même pas permis de garantir que les Français les
plus fragiles auront bien été protégés : un comble !
Cet océan de paroles
convenues est regrettable : pourquoi ne pas dire, simplement, qu’une telle
crise appelle des tâtonnements, reconnaître des erreurs, proposer d’en tirer
des leçons pour l’avenir ? A cultiver l’opacité, le gouvernement autorise
toutes les suspicions, notamment sur ses liens avec l’industrie pharmaceutique.
A refuser de s’expliquer, les pouvoirs publics minent la confiance à l’évidence
fragile des Français dans les préconisations de santé publique qu’ils leur
adressent. Drapée dans sa dignité de
ministre bafouée, R. Bachelot a perdu une occasion de donner du souffle à son
action.
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