Le scrutin du 22 avril comporte bien des raisons de se réjouir : participation massive des électeurs, autrement dit retour au civisme ; réconciliation avec le débat républicain ; engagement des jeunes électeurs qui font rimer la France avec la modernité républicaine ;chute spectaculaire du Front National, ce qui exorcise le 21 avril 2002 ; retour de la gauche au deuxième tour et unanimité de l'appel des partis de gauche et des écologistes aux reports de voix sur la candidate, devenue, dimanche 22 avril, la candidate de la gauche tout entière.
Maintenant, il faut transformer cet incontestable succès en une victoire – ce qui est possible malgré la droitisation générale du discours politique, qui peut inciter, au-delà des états majors, certains électeurs de gauche ou altermondialistes à s'abstenir au deuxième tour et malgré le vote, au premier tour, de l'électorat en faveur du candidat de l'UMP ; c'est possible si l'on répond à la soif de débats qui s'est confirmée dans les meetings, dans les blogs, dans les urnes, par un projet dynamique et fédérateur.
Victoire sûrement difficile – mais impératif de victoire, car le modèle de société qu'esquisse Nicolas Sarkozy comporte des risques majeurs pour notre pays. Instrumentaliser les peurs pour se poser ensuite en protecteur ne suffit pas – heureusement – à fédérer.
Convictions, depuis ses origines, a pour objectifs d'approfondir des idées politiques qui rassemblent les sociaux-démocrates autour de la transformation sociale, autour du progrès démocratique, de la justice économique et de la révolution écologique. Or, convenons-en une fois pour toutes : 18% en faveur de François Bayrou en même temps que les 36% de gauche sont le signe que la social-démocratie est le souhait des Français. Il y a, en France, deux offres de rénovation politique : l'une qui s'articule autour d'une démocratie libérale décomplexée, où la règle est instrumentalisée comme contrainte, au lieu d'être attractive comme norme, porteuse de ravages sociaux et de dérives sociétales ; l'autre autour d'une social-démocratie, certes encore informelle, encore divisée, dont les composantes doivent se rassembler autour de la justice sociale, économique, écologique. Il ne s'agit pas ici de re-bipolarisation – tant s'en faut – mais un vrai choix de société lors de ce second tour.
Ainsi, nous semble-t-il essentiel, pour que Ségolène Royal gagne au deuxième tour, de mettre en valeur les proximités fondamentales entre les acteurs futurs d'une social-démocratie pluraliste
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Bettina Laville
Présidente de Convictions, Membre du Conseil d'Administration d'A Gauche en Europe
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