Nous avons tous vu les images : des sans logement prêts à s'installer sous des tentes, sur les quais de la Seine ou devant Notre-Dame, délogés par la police. Comme si la seule réponse apportée aux sans logis était de leur envoyer les forces de l'ordre !
La querelle des chiffres fait rage : il y a assez de places, dit Mme. Boutin, la ministre du Logement, il en manque des milliers rétorquent les associations.
La vérité est plus complexe, mais elle n'est pas à l'avantage du gouvernement. Le vrai problème, aujourd'hui, c'est le logement, pas l'hébergement d'urgence. Celui qui se retrouve à la rue doit surtout faire preuve de patience, car il est très difficile d'arriver à joindre le 115 qui oriente vers les centres ayant des places. Des places il y en a, surtout en région parisienne. Mais, le vrai sujet c'est : sortir de ces centres, pour aller où ? A l'initiative des socialistes, la loi DALO du 5 mars 2007 interdit désormais que celui qui est hébergé dans un centre d'urgence en soit chassé le matin venu si une solution durable ne lui est pas proposée. Et c'est là que le bât blesse. Car les propositions n'existent pas ! Ceux qui ont campé pendant 70 jours rue de la Banque, à Paris, étaient dans cette situation là : non pas sans abri, mais mal logés, dans des hôtels meublés. Or, le gouvernement est responsable de cette pénurie.
Ce qui manque, ce sont des logements sociaux à petit loyer. Le gouvernement affirme que la droite a construit près de 500 000 logements. C'est vrai. 56 % de ces logements sont des maisons individuelles, 25 % des logements en accession individuelle à la propriété (appartements). Sur les 80 000 restants environ, 6 000 seulement sont des logements PLAI (en prêt locatif aidé d'intégration), fortement aidés par le gouvernement, et adaptés aux petits revenus. Ce sont ces logements qui concernent les 2/3 des demandes. A l'inverse, le gouvernement a concentré son effort sur les logements sociaux haut de gamme (25 000 logements) peu aidés par le gouvernement et trop chers pour la plupart des demandeurs. Concrètement, il y a aujourd'hui 1 400 000 demandeurs de logement. Mais il est vrai que sitôt élu N. SARKOZY a préféré consacrer 3, 7 milliards d'avantages fiscaux sous la forme de déductibilité fiscale des intérêts d'emprunt. En consacrant cette somme à indexer les aides personnelles sur les loyers, ce seraient plus de 6 millions de ménages qui auraient été concernés. Face à ces 3, 7 milliards, rappelons que ce sont seulement 458 millions qui sont consacrés en 2007 à la construction de logements locatifs sociaux neufs, toutes catégories confondues !
Alors Christine BOUTIN peut le dire comme elle veut : le gouvernement a une responsabilité dans le manque de logements adaptés aux demandes de ceux qui n'en peuvent plus d'habiter dans des hôtels meublés plus ou moins insalubres. le problème ne sera pas résolu en quelques semaines, mais cela fait des années que le scandale des mal logés dure. Il serait temps de s'y mettre, Mme. la ministre !
Arthur Raimbaud, poête, né en 1854 nous a quitté trop tôt en 1891 ... pourquoi "trop tôt ?" parce que dans ces écrits j'ai retrouvé ceci : LA MORALE EST LA FAIBLESSE DE LA CERVELLE.
je pense que cela peut faire un bon sujet pour une prochaine réflection ...
Rédigé par : Eilean | lundi 17 déc 2007 à 21:18
Ceci dit, vu que Mme Boutin vient aujourd'hui de revenir sur les chiffres qu'elle a annoncé, il faut croire, en l'espèce, que le faiblesse de la cervelle n'est pas dans le camp qu'on croit...
Rédigé par : Zebulon | mardi 18 déc 2007 à 14:34