Stagiaire depuis quelques semaines dans mon équipe parlementaire, Gabriel ATTAL (qui termine sa première année à l’Institut d’Etudes politiques de Paris) se trouve être aussi le coordinateur national du comité de soutien à Ingrid Betancourt, libérée le 2 juillet. Récit, par Gabriel, de cette expérience...
Marisol TOURAINE
En me projetant encore un an en arrière, jamais je n'aurais pu m'imaginer allant accueillir Ingrid Betancourt sur la base militaire de Villacoublay avec Nicolas Sarkozy. Tout s'est en effet enchaîné extrêmement rapidement pendant cette année.
Je m'étais inscrit au comité de soutien il y a 2 ans, en tant que « simple » militant (pour recevoir des informations, signer la pétition, etc...). Fabrice Delloye -ex mari et père des enfants d'Ingrid- a toujours voulu qu'un comité de soutien soit monté à Sciences po Paris, où Ingrid a fait ses études. C'est pourquoi lorsque j'y ai été reçu, on m'a demandé d'y en créer un. Au fil des semaines, je me suis peu à peu rendu aux réunions du comité de soutien national, et je me suis rendu compte qu'il s'agissait bel et bien d'une cause pour laquelle j'avais envie de me battre et de m'investir. Je suis ainsi devenu coordinateur national du comité : élaborer les actions à Paris et en province et accompagner la famille d'Ingrid lorsqu'elle se déplace en France pour des évènements.
Lorsqu'est arrivée la preuve de survie en novembre dernier, j'ai pu observer à quel point les choses se sont vite accélérées : les journalistes étaient cinq fois plus nombreux lors des marches de soutien, tout comme les personnes mobilisées, et la pétition de soutien n'a cessé de grandir et correspond aujourd'hui à près de 700 000 signatures. Malgré cela une libération rapide semblait ne jamais arriver : il y a certes eu des libérations de la part des FARC, mais pour beaucoup Ingrid était une sorte de pièce maîtresse qu'ils ne libéreraient qu'en dernier ressort (chose particulièrement effrayante lorsque l'on voyait son état physique sur les dernières preuves de vie).
Parler d'une surprise pour qualifier la libération d'Ingrid Betancourt le 2 juillet ne serait, je pense, pas un mot suffisamment fort. Lors des précédentes libérations, il y avait eu une annonce, plusieurs jours voire semaines auparavant pour nous prévenir. Or, la libération d'Ingrid s'est faite au moment où nous l'attendions le moins : depuis plusieurs semaines les media n'en parlaient plus beaucoup, la mobilisation se desserrait progressivement, et ce fut finalement à ce moment qu’intervint l'annonce de sa libération.
Et quelle libération ! Je ne vais pas rappeler ici le procédé employé, mais on peut vraiment parler de scénario hollywoodien digne d'un James Bond : la libération de 15 otages dont Ingrid et les 3 otages américains, s'est faite sans aucun échange de tirs, sans aucun blessé, simplement grâce à l'infiltration par les militaires du « secrétariat » des FARC, et par une opération rocambolesque montée avec des militaires colombiens déguisés en guerilleros des FARC.
Il y a cependant un message important que je tiens à faire passer : l'opération du 2 juillet est certes due à une très intelligente préparation de la part des militaires colombiens aidés par des agents israéliens du Mossad, mais je ne crois pas que l'on puisse dire que la mobilisation internationale, l'action des comités de soutien, de la population, et des gouvernements, aient été inutiles. C'est, je crois, bien au contraire l'élan médiatique et politique international qui a permis d'installer une pression double : à la fois sur les FARC qui ne pouvaient laisser mourir Ingrid et l'ont donc maintenue en vie, mais également sur le gouvernement colombien qui s'est trouvé dans l'obligation d'agir de tout son pouvoir pour obtenir une libération.
C'est donc la victoire collective, de tous ceux qui se sont battus au fil des ans pour que la liberté triomphe. Maintenant il ne faut pas oublier les 1000 otages restants (dont une trentaine d’otages qualifiés de « politiques » et échangeables !
Gabriel ATTAL
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