Avec deux autres parlementaires (UMP), j’ai passé quelques jours à Stockholm pour comprendre leur nouveau système de retraite. Je l’avais déjà étudié il y a quelques années, lorsque le Parti socialiste cherchait une alternative à la réforme proposée par la droite. Aujourd’hui, l’économiste Thomas PIKETTY s’en fait l’avocat et Ségolène ROYAL se déclare disposée à le mettre en œuvre.
De quoi s’agit-il ? Sans entrer dans le détail, on peut dire qu’il s’agit de mettre en place un système où chaque mois travaillé à partir de 16 ans rapporte des points au salarié qui percevra donc une retraite prenant en compte toutes ses périodes d’activité. Il peut prendre sa retraite à partir de 61 ans (tous les mécanismes de retraite anticipée sont supprimés), et jusqu’à 67 ans. Le mécanisme repose sur une surcote importante pour chaque année travaillée en plus à partir de 61 ans. Les périodes d’inactivité (maladie, chômage mais aussi congé parental) sont validées et cotisées par l’Etat, ce qui justifie dans le même temps que celui-ci cherche à les réduire (sauf pour ce qui est des congés parentaux).
Par ailleurs, le système constitue une fusée à trois étages : le premier représente la retraite de base, c’est celui dont je viens de parler. L’essentiel est financé par la répartition, mais une petite partie l’est par la capitalisation, à travers une structure d’Etat. Le deuxième étage représente une retraite complémentaire directement gérée par les partenaires sociaux. Enfin, il y a la possibilité d’une capitalisation surcomplémentaire.
Au-delà de ce dispositif, la novation - sur laquelle les Français n’insistent pas assez - est que, si les cotisations sont définies, le montant de la pension, lui, dépend de la croissance puisqu’il dépend à la fois du nombre d’actifs au travail une année donné et ,à la marge, des résultats des placements financiers effectués. Pour le moment, la Suède a connu une période de croissance régulière. Que se passerait-il si une crise durable venait à s’installer ? Les responsables, tant politiques que syndicaux, veulent croire que les Suédois comprendraient alors qu’après avoir gagné il leur faut se serrer un peu la ceinture. Mais ces hypothèses restent, par définition, théoriques….
Cela dit, il faut remarquer que cette réforme, qui a fait l’objet d’une longue concertation (15 ans) et d’âpres négociations entre les deux grands partis (notamment sur la part de la capitalisation), est aujourd’hui défendu par tous. Le consensus à la suédoise n’est pas d’être d’accord sur tout mais, une fois négociée une réforme, de la défendre solidairement. Il faut aussi observer que cette politique s’accompagne de deux corollaires importants : 70 % des plus de 55 ans ont un travail, et l’égalitarisme de la société est une réalité qui se traduit concrètement par des écarts de salaire moindres entre les jeunes et les séniors. Les dépenses publiques ont certes été rationalisées (l’excédent des finances publiques est désormais de 3% du PIB !), mais pas au détriment des politiques sociales : la Suède, comme ses voisins scandinaves, croit à la vertu des prélèvements sociaux….
Lorsque le droite nous sert en exemple le modèle scandinave, elle devrait penser à ne pas être trop sélective dans son approche !
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