Cette
semaine de campagne aura été marquée par des soubresauts regrettables.
L’affaire
Ali Soumaré, d’abord,
que j’évoquais dès lundi dernier, se transforme pour la droite en un sparadrap plus tenace que celui du capitaine
Haddock, qui la marque du rouge de la honte ! J’avais d’emblée dit le
caractère choquant de l’utilisation d’une affaire vieille de dix ans : à
l’évidence, la droite conçoit l’oubli judiciaire et la réparation de manière
variable. Dans cette affaire, elle aura surtout montré son rejet quasi viscéral
des Français d’origine étrangère. Car, je le maintiens, si Ali Soumaré n’avait
pas été noir, nulle enquête sur son passé n’aurait été menée ! L’affaire
n’est pas close, puisque des plaintes ont été déposées par le candidat
socialiste injustement jeté en pâture, et des questions restent sans
réponse : comment la droite a-t-elle obtenu les informations, fausses mais
confidentielles, dont elle a fait usage ?
Le bal des hypocrites eût été risible si la cause n’avait été si
grave : je n’ai toujours pas compris si V. Pécresse, tête de liste en
Ile-de-France, s’excusait, regrettait, ou renvoyait à plus tard…Quant aux élus
qui ont lancé l’affaire dans le Val d’Oise, ils regrettent tout en ajoutant
qu’il y a quand même anguille sous roche ! Les limites de la décence, en
politique, peuvent toujours être repoussées.
Les
nominations au Conseil Constitutionnel et à la Cour des Comptes ont ensuite
alimenté le débat.
Ouverture, ou pas ? Sans doute, dans l’esprit de N. Sarkozy. A y regarder
de plus près, les choses sont moins claires : depuis 2007 au moins, sans
doute depuis la disparition de François Mitterrand, Michel Charasse n’était
plus un homme de gauche. Il a témoigné amitié publique et soutien à l’actuel
Président, qui n’a pas grand chose à redouter de ce nouveau membre du Conseil
Constitutionnel. Sans doute le mode de nomination des sages est-il à
revoir…Quant à Didier Migaud, dont les compétences économiques et financières
sont unanimement reconnues, qui est et reste à l’écouter un homme de gauche, il
devient un magistrat soumis au devoir d’impartialité. Les propos embarrassés
qu’il a tenus au lendemain de sa nomination montrent que son changement de
statut lui impose de trouver un nouveau langage. Nul doute, je pense, pour lui
que la voie ouverte par Philippe Séguin, faite de vérité intransigeante et
d’audace dans la proposition, doit se poursuivre.
L’objectif
poursuivi par N. Sarkozy reste obscur :
la gauche renâcle, soit, mais la droite piaffe non plus d’impatience mais de
colère. Il me semble que son but est de droitiser une partie de la gauche,
d’amener une partie des socialistes à défendre la vertu économique avant toute
chose pour mieux attaquer celle qui fait et fera en 2012 de la justice sociale
le fondement non négociable de son action. Le pari est habile, mais voué me
semble-t-il à l’échec : le temps où l’on croyait que l’efficacité
économique imposait de rompre avec les priorités sociales est derrière nous.
Certains, à gauche, se sont laissé piéger, la crise s’est chargée de remettre
les pendules à l’heure.
Quant
à ceux, à gauche, qui laisseraient penser qu’une pensée économique unique
pourrait exister, qu’ils regardent de l’autre côté de la Manche ce qu’il
advient du blairisme…
Le
Languedoc-Roussillon, enfin, continue de faire des vagues. C’est agaçant, car en
Indre-et-Loire, honnêtement, on ne m’en parle pas Je ne crois pas que le
maniement de la machine à exclure soit la plus habile manière de préparer la
réconciliation des hommes et des femmes de gauche. La décision du bureau
national du PS de ce point de vue est pragmatique : la liste socialiste
est celle d’H.Mandroux, les autres candidats ne peuvent prétendre à ce
qualificatif. Le temps du rassemblement des militants s’ouvrira au lendemain du
21 mars. D’ici là, partout ailleurs en France, la campagne avance, les
socialistes se font entendre. Dans la Région Centre, le travail de terrain
de François Bonneau, Jean Germain et tous les candidats, travail déterminé
et concret, offre aux habitants des perspectives imaginatives et rassurantes
face aux embardées mal maîtrisées de la droite gouvernementale.
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