La mobilisation des Tourangeaux, comme celle de tous les Français,
a été forte, hier, impressionnante même. Il y avait entre 15 et 20 000
personnes dans les rues de Tours. Autour de 2 millions dans la France tout
entière. Fonctionnaires mais aussi salariés du privé, enseignants et lycéens,
les cortèges étaient divers, graves, empreints d’une angoisse profonde face à
l’avenir qui se dessine. Assurément, la crise ne touche pas seulement notre
pays, et personne ne pense que les réponses à apporter sont simples. Mais tout
aussi assurément, le sentiment qui prévaut est bien que, comme il l’a lui-même
reconnu, le Président de la République « entend ce qu’on lui dit mais n’en
tient pas compte » ! Le plus frappant, me semble-t-il, dans la colère
qui monte et qui gronde, est qu’elle concerne une grande diversité de Français.
Les milieux populaires se sentent relégués, les classes moyennes menacées. Pour
tous, l’avenir est sombre.
Et maintenant ? L’Elysée a hier soir jugé légitime
l’inquiétude des Français, tout en se réjouissant que la mobilisation ait été
moins importante que ce qu’il redoutait (!?!). On a le sentiment que
l’autisme gouvernemental se poursuit. Mardi, à la tribune de l’Assemblée, F.
Fillon a répliqué avec une grande violence à la motion de censure des
socialistes, pour expliquer que les demandes de pouvoir d’achat, de relance de
la consommation, d’investissement dans les secteurs publics, comme l’éducation
ou la santé, étaient absurdes. Hier, N. Sarkozy propose une nouvelle rencontre aux
organisations syndicales, pour évoquer les réformes à venir…mais en prévenant
qu’il n’y aura pas de changement de politique. Ce matin, sur RTL, le puissant
conseiller social du Président, R. Soubie, explique posément que la relance se
fera par l’investissement et seulement par l’investissement.
Les risques de cette stratégie de l’autruche sont réels. Sans doute
les Français ne sont-ils pas prêts à s’engager dans une série de grèves et de
manifestations à répétition. Mais on aurait tort, à droite, d’imaginer que la
journée d’hier était un coup de colère isolé : l’angoisse de l’avenir est
profonde, plus grave qu’une simple colère. Ce que les Français attendent, c’est
une politique différente, réorientée pour tenir compte de leurs besoins
immédiats de pouvoir d’achat mais aussi de leur conviction que face à la crise,
des investissements dans l’éducation, la formation, la prévention sociale sont
nécessaires. Le plan de relance des socialistes l’a mis fortement en
avant : nous avons besoin à la fois de relance conjoncturelle (prime de
500 € à 13 millions de ménages, revalorisation des retraites…) et
d’investissements structurels pour des politiques de cohésion sociale (plan
hospitalier, mise en place d’une véritable sécurité sociale professionnelle,
encadrement plus strict des licenciements…). (Cliquez ici pour télécharger l'intégralité du plan de relance proposé par le Parti socialiste).
Nicolas Sarkozy propose le
dialogue sans changement de politique. En fait, le dialogue doit permettre le
changement que l’immense majorité des Français attendent.
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