L'année 2009 s'ouvre sous le
signe de la crise et de l'instabilité. J'avais terminé
l'année 2008 en vous présentant des voeux d'espoir pour
le pays, pour la gauche et pour vous. L'espoir est nécessaire,
tant est gris le paysage. La rentrée ne s'annonce pas sous des
auspices très favorables : la guerre a repris entre Israéliens
et palestiniens de Gaza ; la crise économique risque d'être
plus violente et plus longue que prévu ; le malaise des
enseignants et des personnels hospitaliers s'accentue.
La guerre a repris. Ce sont des images
de guerre que nous montrent les écrans de télévision
à Gaza. L'intervention terrestre d'Israël doit être
fermement condamnée, et une trêve doit être
recherchée. Par tous les moyens. Mais la condamnation d'Israël
ne suffit pas. Je le dis très nettement : pour moi, le Hamas,
qui n'a jamais voulu la paix, porte une responsabilité énorme.
Pendant les six mois de la trêve, il a profité du retour
au calme pour renouveler son stock d'armes. Sitôt la trêve
achevée, les tirs de roquette sur la population du sud
d'Israël ont repris. Inadmissibles. Insupportables. Cela
explique l'union sacrée de tous les Israéliens dans
cette guerre, contrairement à ce qui s'était passé
les dernières fois. Cela explique que Mahmoud Abbas, le
Président de l'Autorité palestinienne, ait appelé
à un cessez-le-feu, tout comme les pays arabes. Mais on le
sait : la guerre profite aux plus durs, et il est à prévoir
que le conflit ne favorise le Hamas plutôt que le Fatah, le
jusqu'au boutisme terroriste plutôt que la négociation.
Or la paix passe par la négociation et le dialogue, qui
eux-même impliquent un cessez-le feu.
La négociation internationale
est urgente. Les premiers signes ne sont pas encourageants, car l'on
voit s'affronter les défenseurs d'Israël par principe aux
partisans sans condition des Palestiniens. N. Sarkozy peut-il réussir
? J'en doute, car la France pèse désormais peu au
Moyen-Orient, et lui-même n'a pas su ou voulu nouer les liens
nécessaires avec les deux parties. L'Union européenne,
si elle parlait d'une seule voix, pourrait promouvoir une vision
équilibrée de la région : mais le veut-elle ? Et
le présidence tchèque le peut-elle ? La vérité,
que cela plaise ou non, est que seuls les États-Unis sont écoutés
et peuvent peser. Le silence assourdissant de B. Obama étonne.
Habileté suprême alors que c'est encore l'équipe
Bush qui est aux commandes ? Peut-être. En tout cas, il faut le
souhaiter. La guerre, en attendant, fait des ravages.
La crise économique se durcit.
Je l'ai déjà dit, la crise sera plus longue et plus
dure que prévu. La rentrée le confirme : le chômage
augmente, le chômage technique se généralise, et
pour couronner le tout, Pôle Emploi (qui remplace l'ANPE et les
ASSEDIC) a du mal à se mettre en place, si bien que des
chômeurs ne sont pas ou mal indemnisés. Les économistes
de l'OCDE et du FMI rivalisent désormais de pessimisme, même
si personne ne se risque plus au petit jeu des prévisions
au-delà du court terme. A l'Assemblée nationale, le
plan de relance de N. Sarkozy sera discuté à partir de
demain. Il donne le sentiment d'être obsolète avant même
d'avoir été voté, tant il a peu convaincu, y
compris à droite. Insuffisant – la plupart des projets
annoncés étaient déjà prévus -,
déséquilibré - il ne prévoit aucune mesure
pour le pouvoir d'achat -, il ne peut entraîner un sursaut de
notre économie, qui menace de s'enfoncer dans la récession.
Le climat social s'alourdit. Avant les
fêtes, on avait vu parents d'élèves et
enseignants se mobiliser pour l'école. Le mouvement menace de
reprendre, tant l'absence de réponse sérieuse du
ministre de l'éducation nationale fâche. Dans ses voeux,
le Président a annoncé le maintien des réformes.
Pour faire quoi ? Il a parlé de solidarité et de
rassemblement, mais sa politique est celle de l'affrontement et des
inégalités. Des accidents graves à l'hôpital,
pendant les fêtes, ont montré qu'un nouveau foyer
pouvait s'allumer. La France peut s'enorgueillir de bénéficier
de l'un des systèmes de santé les plus fiables au
monde. Cependant, l'hôpital public semble de plus en plus
sacrifié sur l'autel de la rentabilité, qui menace ses
missions essentielles : la généralisation de la
tarification à l'activité dans les mêmes
conditions que dans les cliniques privées pousse les hôpitaux
à privilégier les actes « qui rapportent »,
au détriment de tous les autres ; elle menace les missions de
service public que n'assument pas les cliniques : la formation des
étudiants, la recherche, et l'accueil de tous les patients,
quels qu'ils soient. Pressuré sur le plan économique,
l'hôpital est sous tension, et des dysfonctionnements se
révèlent. Une réforme est assurément
nécessaire. Il n'est pas certain que celle prévue par
R. Bachelot à ce stade permette de le renforcer, au contraire.
le débat viendra. En attendant, des enfants, des malades mal
pris en charge ont perdu la vie alors qu'ils auraient pu et dû
vivre. La réalité est celle-ci : notre système
de soins est à bout, il a besoin d'être conforté,
pas soupçonné.
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