En meeting de campagne, lundi soir au Trianon, le candidat à la primaire socialiste a enchaîné les petites blagues face à un public réceptif. Sur la scène du théâtre parisien et sur un ton plus grave, il est longuement revenu sur ses deux priorités : les finances publiques et la jeunesse. Et pour assurer à l’opposition une victoire en 2012, il appelle « ses amis écologistes » au rassemblement.
Les musiques se succèdent. Les images de François Hollande aussi, sur l’écran géant de la salle du Trianon, dans le 18e arrondissement de Paris. Lundi soir, le grand favori des sondages s’est fait attendre pour son meeting de campagne, dans ce théâtre parisien surchauffé. Ovationné, le candidat arrive sur les paroles du rappeur français Rost. Le refrain : « L’avenir c’est nous. On est là, c’est nous ». Le député de Corrèze prend le temps, savoure le moment, serre les mains de tous ses soutiens, un à un. Tous sont là, assis au premier rang : Jean-Marc Ayrault, Marisol Touraine, Pierre Moscovici, Jean-Marie Le Guen, Aurélie Filippetti, André Vallini. Et aussi, plus inattendu, le chanteur Benjamin Biolay.
Mais la vraie « star » ce lundi soir n’est autre que François Hollande. Le candidat monte sur scène. « François président! », scandent les militants. Tout de suite, il donne le ton : « Nous arrivons dans ce théâtre où je ne m’étais jamais produit jusque là », plaisante le député de Corrèze, sous les rires nourris de l’assistance. « Nous sommes, paraît-il, dans le jardin de l’Elysée-Montmartre. Ça tombe bien nous sommes à Montmartre et nous allons à l’Elysée! ». Pendant près d’une heure, François Hollande enchaîne les petites blagues. Une image dont il avait pourtant cherché à se séparer pour se « présidentialiser ».
Et tous les sujets ont droit à leur lot d’humour. Une règle d’or? « Ah la belle idée ! Il fallait y penser », lance-t-il. « En écrivant dans la Constitution que son successeur ne pourra plus faire ce qu’il a fait, Nicolas Sarkozy aurait là une victoire symbolique », s’amuse Hollande. « Il aura fallu le mandat de Nicolas Sarkozy pour que la première fois dans notre histoire, des riches demandent à payer des impôts! », continue-t-il dans sa lancée, face à un public qui rit à chacune de ses boutades. Et de tacler sévèrement Frédéric Lefebvre : « Qu’un ministre nous fasse croire, que s’il y avait du chômage, c’était à cause de la démographie, le sot! ». L’assistance se régale. Lui aussi. « Il avait déjà fait preuve d’une connaissance de la littérature qui m’amène à penser que la priorité éducative est bien nécessaire dans notre pays », rigole encore le candidat.
« On va changer le capitaine, et les bateaux et tous les marins qui vont avec »
Mais sur certains sujets, le ton devient plus grave. Ainsi, il revient longuement sur « la crise financière qui vient une nouvelle fois de trouver une nouvelle intensité, bousculant les marchés, affaiblissant les banques ». « La démocratie est plus intelligente que les marchés. La politique est plus forte que les spéculations », assène-t-il à la tribune, devant une salle conquise. « On va changer le capitaine, et les bateaux et tous les marins qui vont avec ».
Sans surprise, François Hollande consacre une partie de son discours à la jeunesse, axe fédérateur de sa campagne. Ainsi, le candidat confirme son intention de créer « 12.000 postes par an, du personnel éducatif, pas simplement des professeurs ». Et il balaye les critiques : « De bons esprits m’objectent à moi, attaché aux finances publiques, que cette politique est couteuse. (…) Que préfère-t-on un bouclier pour les plus riches ou un fer de lance pour la réussite de chacun? Moi, j’ai choisi ».
Déjà vainqueur?
François Hollande n’affiche qu’un seul objectif : « gagner le 6 mai 2012″, comme si la primaire socialiste était presque acquise à celui que tous les sondages donnent gagnant. Mais d’ici là, le chemin est encore long et il le sait. « Cette campagne sera émaillé de plein d’incidents, plein de rebondissements, plein de polémiques, et alors? », balaye-t-il, prêt à se lancer dans l’arène. « Je sais que cette élection va être rude et nous aurons toujours tort de sous estimer celui qui sera face à nous », prévient-il. Alors pour gagner, le candidat appelle au rassemblement, au delà du Parti socialiste. « Il nous faudra rassembler la gauche, même la gauche boudeuse. J’en connais! ».
Pour assurer une victoire à l’opposition, François Hollande propose ainsi un contrat de gouvernement aux "amis écologistes" au lendemain de la primaire. Mais d’abord, l’unité devra s’opérer au sein du parti, derrière le vainqueur à la primaire. « Je n’ai aucun sentiment je n’ai aucune rancœur. Chacun sera le bien venu », promet François Hollande. Et d’ajouter, toujours dans l’ironie : « Comme je le dis souvent, la primaire est la seule élection que les socialistes sont sûrs de gagner ».
Source : article du JDD.
CC Photo : DR pour le compte flickr de Francois Hollande
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