La crise s’accentue. Comment ne
pas être inquiet de la sinistre progression, mois après mois, du chômage ?
L’Indre-et-Loire affiche des résultats moins sombres qu’au niveau national. En
revanche, le recours au chômage partiel y est massif, bien au-delà de ce que
l’on observe ailleurs. Dans ce contexte, le discours de N. Sarkozy, à
Saint-Quentin, apparaît quelque peu décalé. Qu’a-t-il proposé ? Rien de
nouveau ? Qu’a-t-il annoncé ? Pour la énième fois, la nécessité de
moraliser le capitalisme !
Parlons-en ! Pas un jour ne passe sans que les rémunérations
indécentes que s’accordent les dirigeants des entreprises les plus importantes
fassent la une de la presse ! On assiste à une véritable valse des
millions, qui laisse pantois tant les sommes annoncées paraissent invraisemblables. Mais les discours sur la
morale et la justice s’arrêtent au seuil des actes : un simple décret
interdira les stock options dans les entreprises aidées. C’est la moindre des
choses ! Mais un simple décret suffira à revenir en arrière ! C’est
pour cela qu’il faut une loi, qui porte sur l’ensemble des rémunérations des
dirigeants d’entreprises : évidemment empêcher les rémunérations variables
(et pas seulement les stock options, il y a aussi les bonus, les parachutes
dorés, les retraites chapeau) dans les entreprises aidées, mais plus largement
restreindre les stocks options à leur objectif initial qui était d’encourager
la prise de risque, en les restreignant aux entreprises qui se créent, par
exemple pendant 5 ans ; et revoir la hiérarchie des rémunérations dans les
entreprises : en 10 ans, les 0,01 % de Français les plus riches ont vu
leur revenu augmenter de 40% pendant que celui de 90 % de la population salariée progressait de 4%. Il fut un temps, pas si lointain, où
le revenu des patrons était acceptable pour les ouvriers et les cadres ;
ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il n’est plus temps de parler de morale, il
faut voter une loi. Le PS en proposera une le 30 avril : la majorité
osera-t-elle, comme d’habitude, la rejeter sans discussion au motif qu’il
« n’y a pas lieu d’en débattre » ? Epreuve de vérité en
perspective.
Le passage à
Paris de DSK a beaucoup fait parler. Dans le contexte de la crise, sa parole est utile, et manque au débat
politique. Dans le même temps, son action internationale est positive, qui impose désormais aux Etats qui sollicitent
l’aide du FMI (fonds monétaire international), dont il est le directeur
général, de respecter des conditions sociales (et plus seulement économiques et
financières). C’est un progrès important, concret, qui montre que l’on a tort
d’opposer, comme le Gouvernement, efficacité économique et solidarité sociale.
Reste que l’intérêt provoqué par la visite de Dominique Strauss-Kahn, et le
succès de sa prestation télévisée (il a
aussi été excellent à l’Assemblée nationale, devant les députés) traduisent une
attente : celle d’une parole forte, imaginative, progressiste, dans la
crise. Je ne crois pas qu’il faille chercher dans cette visite éclair des
raisons de « politique politicienne », dans la perspective des
élections de 2012. Le temps du choix par les socialistes de leur candidat(e)
viendra, mais en attendant il faut souhaiter que le PS se redresse,
collectivement. Sinon, quel que soit son porte-paroles face à N. Sarkozy, il
(elle) aura du mal à convaincre. Pour autant, mon admiration et mon soutien pour DSK restent intacts.
La
commission Hirsch travaille à proposer une nouvelle politique pour la jeunesse. J’en suis
membre, y représentant le groupe des députés socialistes. Lors du débat
parlementaire sur le RSA, j’ai regretté que l’âge soit à ce point discriminant,
puisque le jeune de moins de 25 ans qui travaille ne bénéficiera pas du même
soutien financier éventuel, en cas de revenu insuffisant, que son collègue plus
âgé payé au même niveau. La commission est intéressante, elle absorbe beaucoup
de mon temps puisque plusieurs réunions ont lieu chaque semaine. A ce stade, je
me contenterai de trois observations. D’abord, le décalage est frappant entre
les étudiants, dûment représentés par les divers syndicats existants, et les
autres jeunes, qu’ils travaillent, soient en formation ou en
« galère ». Ce sont deux mondes différents, et la jeunesse n’est pas
une, elle est diverse et c’est à tous qu’il convient d’apporter des réponses.
Les étudiants doivent être soutenus pour réussir leurs études, mais on ne peut
ignorer leur situation sociale ; les jeunes sans formation attendent des
réponses vigoureuses. D’où une deuxième observation, relative à la crise :
les jeunes vont en être les premières
victimes. Or on sait que des jeunes entrés sur le marché du travail en
conjoncture difficile traînent ce handicap pendant des années. Il faut que des
réponses fortes soient apportées. Pour autant enfin, on voit bien le
risque : que les propositions de la commission restent lettre morte, le
Gouvernement se contentant de quelques mesures destinées à atténuer l’effet de
l’arrivée d’une nouvelle génération en août sur le marché de l’emploi. Pour ma
part, si je crois nécessaires des mesures d’urgence, je ne pourrai m’en
satisfaire : les jeunes, plus marginalisés en France qu’ailleurs, ont
aussi besoin d’une politique plus globale, portant sur l’accès au logement, la
formation, la santé. Martin Hirsch y répondra-t-il ? Peut-être, sans
certitude à ce stade. Les socialistes
–députés, responsables du Parti – que je réunis régulièrement à cet effet, ont
bien l’intention de pousser en ce sens. (Cliquez ici pour lire la lettre de cadrage de la commission et ici pour voir le calendrier de travail).
Un bref
retour à la politique locale, aussi : Claude Roiron présente le budget du
Conseil général dans chaque canton. C’était le cas à Montbazon, jeudi dernier.
Exercice de démocratie de proximité salutaire et, me semble-t-il, bien
accueilli. Il est utile que les Tourangeaux perçoivent mieux ce qu’est le
Conseil général, à quoi il sert, et comment il utilise ses ressources, qui
proviennent pour beaucoup de nos impôts locaux. Claude Roiron, qui n’en était
pas à sa première présentation, a su faire preuve de pédagogie, en présentant le budget 2009 avec précision,
et aussi de manière concrète. Mais au-delà, il me semble que cette tournée des
cantons permet de montrer un autre visage du Conseil général que celui qui est
apparu trop souvent dans la presse ces dernières semaines. Je m’en suis déjà
expliquée, regrettant la violence des tensions qui ont accompagné la mise en place
d’une nouvelle politique, au sein même
de la majorité. Philippe Le Breton et Alain Michel, d’abord très critiques, et
dont j’ai regretté qu’ils rendent public leur différend, ont finalement décidé
de voter le budget présenté. C’est ce qu’ils ont fait le 27 février dernier (j’avais
prévu de prendre quelques jours de vacances à ce moment-là, auxquels j’ai
renoncé pour marquer, par ma présence, ma solidarité). Pour moi, l’affaire est
close. Des aigreurs peuvent demeurer, compréhensibles, mais chacun doit désormais
regarder devant. C’est à ce prix que nous pourrons démontrer aux Tourangeaux le
bien-fondé de nos choix. Comme le fait Claude Roiron à l’occasion de ses
visites cantonales.
Carte scolaire : l’utile et l’indispensable
Ces deux mots expriment la politique de carte scolaire de Xavier Darcos. On garde ce qui est indispensable et on ferme ce qui est utile. On pourrait s’attendre à de tels propos dans la bouche du commandant d’un navire qu’on abandonne. On a peine à concevoir que l’on puisse appliquer au monde de l’école l’idéologie du radeau de la méduse. Pour affronter le gros temps il faut un bon équipage et un bon navire, c’est indispensable.
La suppression du poste d’animation lecture à St Pierre des Corps a quelque chose de la culture hors-sol. On s’accorde à dire qu’un des grands écueils de l’apprentissage de la lecture est que pour beaucoup d’enfants elle est avant tout un objet scolaire sans saveur, sans signification personnelle. S’il fallait s’arrêter sur l’un des objectifs poursuivis par l’animation lecture sur la commune de St Pierre des corps ce serait celui là : faire des livres des objets vivants, écrits par des femmes et des hommes que l’on peut rencontrer, avec qui on peut échanger. Ce n’est pas un supplément d’âme, c’est tout simplement mettre en acte un projet pédagogique ambitieux. Supprimer ou amputer ce poste c’est se couper du sol nourricier indispensable à l’apprentissage de la lecture : le plaisir de lire. C’est cantonner l’abord de l’écrit à un pur acte technique, hors sol. Conserver ce poste c’est indispensable.
Le gouvernement est-il encore ambitieux ? Il faut bien répondre par la négative car sur d’autres dispositifs la cote est mal taillée. Un poste sur l’école élémentaire république est gelé, une ouverture sur l’école élémentaire Marceau ne serait envisagée que par transfert d’un autre poste. Les ZEP initiées en 1981 par Alain Savary, ministre socialiste de l’éducation nationale, avaient pour ambition de donner plus à ceux qui avaient besoin de plus. En 2009, sous le gouvernement de François Fillon il faut faire moins, sans discernement. Comme dans tant d’autres domaines le gouvernement abandonne toute volonté collective. La réforme, selon Sarkozy, c’est le laisser aller. Pour nous la volonté publique c’est indispensable.
Il nous faut retrouver une ambition collective. Dire que supprimer ces postes là c’est une amputation, que c’est rendre un service public de moindre qualité car les conditions pour l’atteindre ne sont pas réunies. Nous devons proposer des mesures ambitieuses, innovantes. Il nous faut porter des projets formateurs et à la hauteur des enjeux. Pour cela il faut garder ces postes ouverts, ce n’est pas suffisant mais c’est indispensable
Dans cette période de difficultés profondes il est indispensable d’investir avec ambition pour ceux qui feront le pays de demain : c’est plus qu’utile, c’est indispensable !
Jean-Marc Pichon
Propositions pour l’hôpital public
Ce document est un condensé
de propositions relatives à l’avenir du système hospitalier.
Il vise à contribuer au débat
sur le projet de loi Bachelot en discussion à l’Assemblée Nationale.
Il cherche à répondre à
deux questions :
•
Qu’est ce qui structure en France la politique hospitalière ?
• Quelles sont les évolutions possibles pour les années à venir ?
Ces deux questions n’ont
pas fait depuis longtemps l’objet d’un débat public à la hauteur des enjeux.
Lors la présidentielle de
2007, mise à part la critique des 35 heures, l’hôpital a été absent du débat
électoral.
Pourtant l’hôpital reste un
secteur économique de toute première importance.
Il constitue une
préoccupation centrale dans l’esprit de nos concitoyens.
C’est sans véritable débat
public que des réformes à répétition se sont succédées ces dernières années.
Aujourd’hui, la situation
du système sanitaire ne nous paraît pas tenable. Pourquoi ?
Parce qu’elle combine deux
éléments contradictoires :
•
Politique de l’autruche sur bon nombre de sujets tels que l’asphyxie financière
d’un grand nombre d’hôpitaux, les conditions de travail de plus en plus pénibles
des personnels, la question encore tabou de la souffrance des cadres, etc.
• En même temps il y a un élément nouveau, la volonté présidentielle de faire table rase au nom de l‘idée de rupture.
« J’aimerais que vous
compreniez que la France vous aime », a déclaré le Président de la République
lors de ses voeux aux personnels de santé, en ajoutant que les problèmes de
l’hôpital ne tenaient pas aux moyens mais à sa mauvaise organisation.
On pourrait sourire de ce
discours si la situation des établissements de santé publique n’était pas aussi
grave. Il faut en sortir.
Ce document n’a pas pour
but de proposer des amendements au projet Bachelot.
Nous pensons que c’est son
retrait qu’il faut exiger. De ce fait, nous ne nous inscrivons pas dans une
logique d’accompagnement en proposant comme d’autres des amendements à la marge
du projet.
Il nous paraît urgent que
chacun - en particulier les parlementaires à qui notre document sera adressé –
prenne conscience de la gravité de la crise actuelle de l’hôpital public dans
toutes ses dimensions (I).
Nous voulons également formuler des propositions alternatives et cohérentes au projet de loi Bachelot, en vue de régulations publiques nouvelles du système hospitalier, afin de réussir la sauvegarde du service public à l’hôpital (II).
Retour sur le conflit israélo-palestinien. La guerre dure. Elle s'intensifie, même. En même temps, on peut s'interroger sur ce que recherchent les combattants, et au premier chef Israël. Je l'ai déjà dit : je trouve les attaques du Hamas contre le territoire israélien inacceptables et condamnables. Mais fallait-il réagir comme le fait Israël, par une guerre massive ? La situation humanitaire à Gaza est devenue dramatique, intolérable.
La réaction est d'abord disproportionnée. Elle est surtout inefficace et contre-productive politiquement. En effet, que faut-il rechercher, dans cette région ? Deux objectifs indissociables : la création d'un Etat palestinien viable et la garantie de la sécurité d'Israël. Or, par sa politique, Israël rend plus aléatoire que jamais la réussite de ces deux objectifs. Il n'y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien, il ne peut y avoir qu'une solution politique.
N. Sarkozy a échoué dans sa tentative de médiation. C'était prévisible. En même temps, nul ne peut lui reprocher de l'avoir tentée. Mais fallait-il alors apparaître à ce point partial dans le conflit ? Comment espérer la paix, ou même la trêve, sans dialogue avec le Hamas, même s'il s'agit d'un mouvement terroriste ? La tentative d'isoler le Hamas a échoué, l'offensive d'Israël a contribué à le renforcer dans l'opinion publique palestinienne.
Il faut désormais que la communauté internationale, c'est-à-dire l'ONU, se saisisse de cette question. A court terme, la France doit exiger le cesser le feu immédiat, l'instauration d'un couloir humanitaire vers Gaza, le retrait des troupes israéliennes de ce territoire, l'arrêt des tirs de roquette sur Israël et l'installation d'une force internationale de protection. Le silence des Etats-Unis est préoccupant : l'Europe doit prendre une initiative (j'ai déjà dit mon pessimisme sur ce sujet, mais il ne faut pas se résigner à l'impuissance) pour parler d'une meme voix à l'ONU et chercher à soutenir l'instauration d'un processus de paix dans la région. Seuls, Israël et les Palestiniens n'y parviendront pas.
Le projet d'A10 bis refait surface ! Dans le cadre de l'élaboration prochaine du schéma national des infrastructures et des transports le Préfet de l'Indre-et-Loire a engagé une démarche de consultation des élus concernés. Lors d'une première réunion organisée à la préfecture de Tours au mois de septembre dernier, les services de l'Etat ont fait un état des lieux de ce dossier et présenté plusieurs hypothèses de tracé.
Le projet un temps imaginé d'un doublement de l'A 10 sur une grande partie de son tracé est aujourd'hui fortement remis en cause par la loi sur le Grenelle de l'environnement. En revanche, le contournement de l'agglomération tourangelle demeure un objectif à traiter, compte tenu de l'engorgement de l'autoroute dans la traversée de l'agglomération et des nuisances que cela provoque pour les communes concernées, par exemple Saint-Pierre des Corps.
Mais si le principe d'un contournement autoroutier de l'agglomération peut être acté, un projet de réalisation d'autoroute entièrement neuve ne rentrerait pas dans les critères de la loi Grenelle. Il est donc impératif de réfléchir à un contournement visant à améliorer les déplacements tous modes confondus dans l'agglomération et à diminuer les nuisances pour les riverains de l'A10 actuelle.
Trois hypothèses de tracé ont été proposées par les services de l'Etat :
* Un tracé de 35 km entre l'A10 et l'A85, loin
de l'agglomération, à la limite est du département, qui ne permettrait pas la
requalification de l'A10 dans la traversée de Tours (c'est à dire son
déclassement en voie urbaine).
* Un tracé intermédiaire entre Montlouis et
Amboise de 20 km entre l'A10 et l'A85 qui pose également le problème de la
requalification de l'A10.
* Un tracé très proche de l'agglomération avec seulement 15 km entre l'A10 et l'A85, dans le prolongement du boulevard périphérique. Cette configuration permet la requalification de l'A10 mais pose le problème du mélange des flux de circulation.
A la suite de cette réunion, le Préfet a souhaité recueillir la position des élus concernés sur ce projet.
Cliquez ici pour lire la lettre que Marisol
TOURAINE a adressée au Préfet pour lui faire part de son avis.
La presse s’en est
largement fait l’écho :
un téléfilm a été tourné sur la promotion Voltaire de l’ENA, qui compte
plusieurs membres devenus des acteurs politiques de premier plan : Renaud
Donnedieu de Vabres, Michel Sapin, Dominique de Villepin , François Hollande
et, bien sûr, Ségolène Royal ! Bientôt diffusé, ce film a donné l’idée aux
animateurs du ciné club de l’Institut d’Etudes de Politiques de Paris, de le
projeter en avant-première et d’organiser un débat sur l’ENA avec…des énarques
ayant réussi dans différents domaines !
Tout était prêt et la
séance devait avoir lieu mercredi prochain. Mais voilà que l’un des étudiants reçoit, de bon matin,
un coup de téléphone furieux de l’ENA, dont le directeur s’offusquait qu’un tel
débat ait lieu sans lui d’abord, et que le film soit projeté à Sciences Po. (il
n’est soit dit en passant pas très étonnant que Sciences Po s’amuse de ce genre
de téléfilm, puisque l’IEP reste la principale voie de passage vers l’ENA).
Coup de fil étonnant mais le suivant l’est davantage encore : le cabinet
du ministre de la fonction publique en personne qui intimait l’ordre de ne pas
projeter le film.
Les étudiants ont
repoussé la séance,
mais avouent leur incompréhension face à un tel déploiement de force politique.
Tout ça pour eux ? L’explication ne va pas de soi. A moins qu’il ne
s’agisse d’une bonne manière faite au Président de la République, qui
apprécierait peu ce téléfilm à la gloire de ses opposants, de droite comme de
gauche !
Drôle
d’époque, vraiment…
Barack Obama a été élu 44ème Président des Etats-Unis la nuit dernière, à une large majorité : 52 % des voix, 334 grands électeurs. S'imposant haut la main dans des Etats traditionnellement démocrates, il a aussi conquis des Etats républicains comme l'Indiana et la Caroline du Nord. Cette victoire présidentielle prend une ampleur encore plus considérable puisque les démocrates renforcent leur majorité au Sénat et à la Chambre des Représentants.
Historique - le mot en l'espèce est loin d'être galvaudé - cette victoire l'est, et ce à plus d'un titre.
Historique car l'élection de Barack Obama intervient 44 ans seulement après le Civil Rights Act qui mit fin à la ségrégation aux Etats-Unis. Historique de par l'ampleur de la mobilisation des électeurs américains : rarement une élection présidentielle aura provoqué un tel engouement citoyen. La personnalité du candidat démocrate, authentique et simple, son extraordinaire charisme, ont contribué à ce succès. Historique enfin car le nouveau Président élu n'a que 47 ans : inconnu ou presque il y a 4 ans, il est devenu au terme de plus de vingt mois de campagne le leader de la première puissance mondiale. Quelle leçon de démocratie, en particulier pour nous Français, qui avons une société politique relativement figée où le renouvellement des générations se fait difficilement !
Et maintenant ? Personne aujourd'hui ne peut dire avec certitude ce que sera et ce que fera l'administration Obama. Tout au plus pouvons-nous penser - et espérer - que la gestion des Etats-Unis, au plan économique, social, des relations internationales...sera plus positive qu'elle ne l'a été au cours des huit dernières années. A l'instar du Président Franklin D. Roosevelt qui, pendant la grande dépression, sut redonner confiance à son peuple, Barack Obama incarne le changement et l'espoir et semble être en mesure de redonner confiance aux Américains. Dans la période de crise économique et financière que nous connaissaons, cette nouvelle donne politique n'est pas négligeable.
Il ne faut certes pas tomber dans un optimisme excessif, des déceptions sont inévitables. L'élection de B. Obama rend aux Américains leur fierté : fierté d'être un modèle de démocratie, fierté de se savoir à nouveau respectés. Le nationalisme est un défaut qui guette souvent les Etats-Unis ; et n'oublions pas qu'Obama a été élu pour servir les intérêts de son pays, pas ceux de l'Europe ou du reste du monde. Mais laissons-nous aller, aujourd'hui, à la joie de cette élection.
Lundi matin, N. SARKOZY s’est rendu à Maillé, pour y commémorer le massacre froid, systématique, de 124 habitants par les troupes allemandes le 25 août 1944. Alors que Paris célébrait sa libération, Maillé sombrait dans l’horreur. Puis le silence. Chaque Français a entendu parler d’Oradour sur Glane, Maillé et ses morts ont sombré dans l’oubli national. Les survivants, les associations qui se sont constituées, les élus ont fait en sorte qu’il n’engloutisse pas tout, et une Maison du souvenir a vu le jour. La visite du Président de la République, qui a voulu réparer la « faute morale » de l’oubli, était bienvenue.
D’où vient, alors, le sentiment d’inachevé qui m’habite ? Au-delà du symbole, les mots comptent. Et le discours présidentiel, écrit par Henri Guaino, l’homme du discours de Dakar, m’a déçue. D’abord, parce qu’il semblait ignorer le travail local de mémoire et de souvenir. Ensuite, parce qu’il a livré une interprétation du massacre que je ne partage pas : les meurtriers n’étaient même plus des hommes, le mal est banal et risque d’atteindre chacun. Cette thèse, de la banalité du mal, est soutenue par de grands esprits, que l’on ne peut soupçonner de compréhension à l’égard des nazis. Mais pourquoi alors certains se laissent-ils happer par la violence, alors que d’autres résistent ? Je ne crois pas que la « nature humaine » suffise à tout expliquer, surtout pas les fascismes.
Enfin, et c’est le plus grave, cette remarque, étonnante, du Président : ceux qui ont été massacrés « n’étaient pas coupables », ils n’avaient commis aucune faute. Ils n’étaient même pas résistants ! Le massacre de résistants aurait-il été acceptable, ou compréhensible ? Cela rappelle R. Barre évoquant les « victimes innocentes » dans l’attentat de la rue des Rosiers, pour évoquer les victimes non juives….Malaise. Malaise d’autant plus grand que N. SARKOZY n’a rien dit de la nécessaire recherche des auteurs de ces crimes. La mémoire, le souvenir, c’est aussi savoir. Savoir qui a agi, pourquoi. Les Allemands sont engagés dans cette recherche. Pourquoi donc l’occulter de notre côté ? Le Président est resté fidèle à son idée que le travail de mémoire n’a pas d’intérêt.
La visite du Président aura constitué un moment de reconnaissance utile. Mais N. SARKOZY a manqué l’occasion d’un grand discours sur notre histoire. J. Chirac avait trouvé les mots pour désigner la responsabilité de la France dans la déportation des juifs. N. Sarkozy n’a su que décrire un massacre, sans vouloir lui donner un sens. Dommage….
Stagiaire depuis quelques semaines dans mon équipe parlementaire, Gabriel ATTAL (qui termine sa première année à l’Institut d’Etudes politiques de Paris) se trouve être aussi le coordinateur national du comité de soutien à Ingrid Betancourt, libérée le 2 juillet. Récit, par Gabriel, de cette expérience...
Marisol TOURAINE
En me projetant encore un an en arrière, jamais je n'aurais pu m'imaginer allant accueillir Ingrid Betancourt sur la base militaire de Villacoublay avec Nicolas Sarkozy. Tout s'est en effet enchaîné extrêmement rapidement pendant cette année.
Je m'étais inscrit au comité de soutien il y a 2 ans, en tant que « simple » militant (pour recevoir des informations, signer la pétition, etc...). Fabrice Delloye -ex mari et père des enfants d'Ingrid- a toujours voulu qu'un comité de soutien soit monté à Sciences po Paris, où Ingrid a fait ses études. C'est pourquoi lorsque j'y ai été reçu, on m'a demandé d'y en créer un. Au fil des semaines, je me suis peu à peu rendu aux réunions du comité de soutien national, et je me suis rendu compte qu'il s'agissait bel et bien d'une cause pour laquelle j'avais envie de me battre et de m'investir. Je suis ainsi devenu coordinateur national du comité : élaborer les actions à Paris et en province et accompagner la famille d'Ingrid lorsqu'elle se déplace en France pour des évènements.
Lorsqu'est arrivée la preuve de survie en novembre dernier, j'ai pu observer à quel point les choses se sont vite accélérées : les journalistes étaient cinq fois plus nombreux lors des marches de soutien, tout comme les personnes mobilisées, et la pétition de soutien n'a cessé de grandir et correspond aujourd'hui à près de 700 000 signatures. Malgré cela une libération rapide semblait ne jamais arriver : il y a certes eu des libérations de la part des FARC, mais pour beaucoup Ingrid était une sorte de pièce maîtresse qu'ils ne libéreraient qu'en dernier ressort (chose particulièrement effrayante lorsque l'on voyait son état physique sur les dernières preuves de vie).
Parler d'une surprise pour qualifier la libération d'Ingrid Betancourt le 2 juillet ne serait, je pense, pas un mot suffisamment fort. Lors des précédentes libérations, il y avait eu une annonce, plusieurs jours voire semaines auparavant pour nous prévenir. Or, la libération d'Ingrid s'est faite au moment où nous l'attendions le moins : depuis plusieurs semaines les media n'en parlaient plus beaucoup, la mobilisation se desserrait progressivement, et ce fut finalement à ce moment qu’intervint l'annonce de sa libération.
Et quelle libération ! Je ne vais pas rappeler ici le procédé employé, mais on peut vraiment parler de scénario hollywoodien digne d'un James Bond : la libération de 15 otages dont Ingrid et les 3 otages américains, s'est faite sans aucun échange de tirs, sans aucun blessé, simplement grâce à l'infiltration par les militaires du « secrétariat » des FARC, et par une opération rocambolesque montée avec des militaires colombiens déguisés en guerilleros des FARC.
Il y a cependant un message important que je tiens à faire passer : l'opération du 2 juillet est certes due à une très intelligente préparation de la part des militaires colombiens aidés par des agents israéliens du Mossad, mais je ne crois pas que l'on puisse dire que la mobilisation internationale, l'action des comités de soutien, de la population, et des gouvernements, aient été inutiles. C'est, je crois, bien au contraire l'élan médiatique et politique international qui a permis d'installer une pression double : à la fois sur les FARC qui ne pouvaient laisser mourir Ingrid et l'ont donc maintenue en vie, mais également sur le gouvernement colombien qui s'est trouvé dans l'obligation d'agir de tout son pouvoir pour obtenir une libération.
C'est donc la victoire collective, de tous ceux qui se sont battus au fil des ans pour que la liberté triomphe. Maintenant il ne faut pas oublier les 1000 otages restants (dont une trentaine d’otages qualifiés de « politiques » et échangeables !
Gabriel ATTAL
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